Le pianiste au sourire rouge.
la-tete-en-neige
Il me fait du pied avec son Ice Tea à la main. Du pied en me hurlant, tout doucement, le long de la paille, que l’indécision coule sur son cœur. Du pied, du pied, j’ai plutôt un souvenir de main. Quand ma nuque brulante remplaçait ce putain de verre d’Ice Tea, quand cette paille, c’était mes lèvres coupantes, acidulées. Et moi, gourmande, devant mon Ice Tea, le miens, je reste assoiffée. Je le regarde, parce qu’un pot de peinture blanche viens de gicler violement sur nos paroles. Quelles paroles ? Aucune. Parce que bourrée, je tiens le parloir, cousu à ma langue, parce que, éclatée, cette langue allait se coller à la sienne, parce que shootée, j’aurais du ne faire plus qu’un. Il vend des fleurs c’est ca ? Escroc, il vend du rêve, du rêve en poudre à la framboise qui fond sur la langue, et qui disparait, en laissant un gout chimique, un gout de surfait, d’industriel. Il me fait du pied et moi, je me souviens de son souffle noyé dans les dunes légères de tissu noir à pois, de petite dentelle rose. Il me parle d’indécision et moi, je pense à ces ardeurs sur le bas de mes hanches, à ces dents crocheté à mon pantalon, crocheté à mon visage. Crocheté à mon cœur. On peut s’amuser en aimant, c’est bien plus drôle. Ca fait bien plus mal, mais c’est mon affaire. Il est la devant moi, à siroter son Ice-Tea. Je suis la, avec mon complexe d’infériorité, mon stress, mes paroles qui dérapent, ma tronche de soumise, mes bras qui s’agitent comme une pieuvre en plein Parkinson, je suis la, il me fait du pied, je pense à ses mains, ses lèvres effleurent le bord du verre, et ca me prend la tête. « T’a une trop belle gueule pour moi avec ton petit polo citrouille. Tiens, viens voir, j’éclate mon vers, que je te creuse un sourire démoniaque. Ca fait mal hein ? Bouge pas j’te dis ou tu vas avoir le sourir entre les deux yeux. Voila. Finis ton Ice Tea pour voir. Un peu de citron peu être ? C’est acide hein, tu vois, ca fait mal hein. Tu vois, moi aussi je m’amuse. Je m’amuse vraiment bien, avec toi et mon verre éclaté. Rentre chez toi gamin, va voir repeindre ton piano en rouge.»
Extrêmement bien écrit ! Une montée de haine dévastatrice. Dévasté comme le coeur baffoué...c'est intense comme mon coup de coeur.
· Il y a plus de 13 ans ·leo
Quelle écriture !! ça file droit, tout droit, direct. J'adore !!
· Il y a plus de 13 ans ·mls
Superbe... Quelle que soit la réalité quelle belle lecture !
· Il y a plus de 13 ans ·Manou Damaye
beau!!!!!!
· Il y a plus de 13 ans ·thelma
Oups... c'est un peu de ma faute tout ça, aussi. Les garçons n'en valent pas la peine, toi tu vaux plus qu'un piano rouge qui balance des paroles teintées de blanc.
· Il y a plus de 13 ans ·le-cariboo
J'aime beaucoup beaucoup!
· Il y a plus de 13 ans ·meo