Le thé est servi

elisabetha

Le thé est servi.
Colette dit cela avec une aisance très "british". Le thé semble donc un moment important et je goûte des yeux le petit four aux amandes qui l'accompagne.
Je lui dis:- Savez vous qu'il existe un thé aux amandes amères?
- Non, mais je crois que j'aurais aimé. Et  vous connaissez vous le thé à la rose?
- Non.
Alors, buvons celui qui nous attend.
J'admire la dextérité avec laquelle elle verse le thé dans ma tasse. Pas une goutte ne déborde de la théière. Une théière chinoise en terre grise.
Je déguste, tout en goûtant mon gâteau. J'en reprends un autre . Colette n'est pas gourmande et mes envies de douceur la font sourire.
Nous avons une étrange amitié. Elle aime mes mots et moi j'aime ses silences. Elle est aérienne et moi grassement charnelle. Mais nous avons ensemble le goût des rêves des hommes et des amours.
Les siennes restent secrètes. Au contraire de son jardin qui est un lieu ouvert où elle se crée, dans un espace auquel elle abandonne toute son imagination.
Je ne connais rien à ses fleurs mais je flâne dans les souvenirs d'autres jardins parfumés.
Nous nous promenons dans la vie de l'autre offrant une complicité à nos instants. Un petit bonheur ou une souffrance deviennent un moment d'histoire. Un brin d'humeur. Quand on sourit, on survit.
L’apré midi s'égrène. La fenêtre est grande ouverte, comme pour laisser le ciel rentrer dans la maison. Les bruits sont lointains. La ville étend sa géométrie invariable.
On se reverra dans trois mois. Mais le téléphone nous offrira son fil. . Gaie ou triste je serais bavarde et Colette indulgente. Des portraits et quelques bruits de dialogue lui parviendront en écho. Ils seront la résonance d'un voyage intérieur.
Révoltes, hasards, passions, ruptures, amitié échangée se jetteront dans la source de son cœur...

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