L’enfant n’a aucun sens critique.

Je dis (c'est loin, faudra tenir) que lorsque l'on n'a pas d'idée, on peut toujours fermer sa gueule. Certes !

Cependant, s'il fallait avoir une idée pour parler, la femme serait muette et même s'il y aurait eu des avantages, on se serait fait chier à écouter sa muette respirer pendant les longues soirées sans télé.

Parler pour ne rien dire, c'est quand même parler.

Vous me direz que je suis un peu misogyne.

Mais je vous répondrais que c'est faux !

Je le suis beaucoup !

Jusqu'à la connerie brute de décoffrage, qui fait que l'on fait, que l'on dit, que l'on reproduit des bêtises sans esprit critique, par le formatage culturel.

Il aura fallu une conscience nouvelle, celles des suffragettes, pour que les hommes et d'autres femmes mesurent l'étendue de la surface de l'inégalité des jardins.

***

Quand j'étais enfant, si je l'ai été, mais il y a prescription, j'avais une sœur et un frère, plus un autre gros frère, mais lui, il ne compte pas.

Il nous semblait normal à mon frère et à moi, que ce soit à ma sœur que notre mère demandât de mettre la table. Ma sœur se rebellait, elle avait du caractère, surtout le sien : « pourquoi c'est toujours moi, à la fin ? » A la fin, le gros frère, lui mettait une baffe et ma sœur mettait la table avec une joue rouge.

Nous, mon frère et moi, on trouvait qu'elle était un peu conne, ma sœur, d'attendre toujours sa beigne, pour faire ce qu'elle aurait pu tout autant, aussi mal faire, sans claque. Mais ma sœur était comme ça ! Sans claque, pas de table !

Ceci dit, mon frère et moi, on s'entendait bien avec ma sœur, on était complice dans les conneries, mais pas solidaires dans les corvées ménagères.

C'était l'école des femmes.

Les enfants admettent, dans l'innocence de leur bêtise, les us et costumes sur mesure qui les habillent pour la vie.

A toute pratique, il faut un contre-pouvoir, jamais ma sœur ne nous a reprochés de ne pas la soutenir, c'était ainsi, c'était écrit, l'ordre immuable des choses. Dieu en haut, les autres en bas. Déjà au temps des Égyptiens, on avait compris le concept de la pyramide.

Nous jouons tous, des jeux de rôles, mais la distribution n'est pas équitable et certaines ont le sentiment de ne pas jouer tellement.

J'aime les femmes d'aujourd'hui, celles, du moins, qui se considèrent l'égal des hommes.

Car si la femme est l'égal de l'homme, l'homme, arithmétiquement, est l'égal de la femme. C'est toujours ça de gagné, avant qu'elles ne deviennent l'avenir de l'homme, comme disait Aragon qui avait toujours raison et menait Elsa à la baguette. (Eh, même pas vrai, c'était sa muse, son amour, sa chérie, sa femme.)