Les cartons

Hervé Lénervé

J’ai pris mon courage à deux mains, pour ranger mon grenier sans remettre à demain.

Une pile de cartons me toisait d'un air narquois. Il faut dire que ces cartons dataient de plusieurs déménagements successifs. Plus aucune idée de ce qu'ils pouvaient bien contenir. J'aurais dû les jeter.

Je tombe sur des vieilles photos que je consulte d'un air nostalgique, la moitié des personnages sont déjà morts. Allez photos à la poubelle où je vais remplir un cimetière.

Un autre carton. « Tiens chérie, j'ai retrouvé le chat ! Il n'avait pas fugué, finalement. »

Oh, des lettres manuscrites du temps des correspondances épistolaires. Comme on écrivait bien en ces temps-là

 Je lis.

« Mon corps appelle ton corps, mon lapin,

Mais évite de me poser, comme hier, un lapin. »

Comme nous étions tendres et poètes en ces temps-là. Je poursuis.

« Ma tête appelle ton nom.

Gaston, Gaston, Gaston ! »

Putain, la salope ! Allez tous les cartons à la benne !

Je n'aurais jamais dû ouvrir ces boites de pandore.

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