Les cigales et les fourmis
sandrine-p
Je regarde ce monde qui menace de finir
Non pas celui des hommes mais de mes souvenirs
Obstinément vivant, ses deux têtes en délire
Jouant à qui de nous deux éclatera de rire.
Mais de cette folie je porterai le deuil
Je la mettrai en terre, j'aurai la larme à l'œil,
Pour ces lambeaux d'hier couchés dans des cercueils,
Redevenus poussière, envolés comme des feuilles.
Le temps des renoncements nous fouette comme une bourrasque
Les odeurs de tilleul piégées derrière les masques.
Reverrai-je la lumière des matins bergamasques?
De larmes nos paupières ne sont plus que des vasques.
On se cajole l'espoir, souriant à nos écrans
De bientôt se revoir, de retrouver l'avant,
Ce paradis perdu quand on n'avait pas le temps
De trouver pour se voir un peu plus qu'un instant.
On pouvait se toucher et boire au même verre,
On pouvait sans trembler respirer le même air,
C'était toujours ailleurs que flânait la misère,
C'était toujours au loin qu'on entendait la guerre.
J'ai encore dans l'oreille l'écho des longues secondes
Perdues à oublier tous les malheurs du monde.
Nos angoisses trop foncées que nous teignions en blondes
Plutôt que d'arracher leurs racines profondes.
Aujourd'hui c'est fini, le manège a fermé
Et nous devons descendre de nos vies protégées.
Il nous reste la peur, le risque et le danger
Pour ressortir nos rêves d'une autre société.
Tout à coup c'est magique nous voilà tous unis
La même rage au cœur contre le même ennemi.
Cette menace qui gronde, qui nous grillage la vie
Cette fleur de solitude, de quoi est-elle le prix?
Se pourrait-il qu'on paye le prix de nos souvenirs?
Nos années de merveille à ne jamais choisir
Que ce qui se monnaye et tant pis pour l'avenir
Des fleurs et du soleil, qu'il advienne le pire.
Nous étions des cigales au pays des fourmis,
Aveugles aux mygales qui dans l'ombre tapies
Se faisaient un régal de notre étourderie
Leur souffle comme un mistral sur notre mesquinerie.
Comme nous étions puissants, intelligents et forts
Rien ne pouvait venir nous griffer le confort.
Nous avions plus qu'assez mais nous voulions encore
Jamais aucun regret, jamais aucun remord.
Je regarde mes souvenirs le cœur en bandoulière,
Retrouverai-je un jour l'insouciance première
Cachée sous les discours des âmes financières
De la vie juste à vivre loin des places boursières...
superbe et très vrai... L'insouciance n'existe plus... l'espérance de demains radieux s'étiole...
· Il y a plus de 4 ans ·Maud Garnier
Je regarde mes souvenirs le cœur en bandoulière...superbe et Merci
· Il y a plus de 4 ans ·prisonnier
Superbe!, l'hiver est venu et la chaleur des souvenir ne suffit pas ou plus, attendons à la fin la vie est toujours la plus forte, même si...
· Il y a plus de 4 ans ·Patrick Gonzalez
La vie oui, instinctive et brute. Mais quand serons-nous enfin capables de la penser un peu? Les poètes sont fatigués.... Très belle journée, même si....
· Il y a plus de 4 ans ·sandrine-p
:))
· Il y a plus de 4 ans ·Patrick Gonzalez
Oui, après bien avoir abusé de nos ressources, il nous faudra revoir notre copie et reconstruire différemment...Tu l'exprimer fort joliment...
· Il y a plus de 4 ans ·marielesmots
Merci mais honnêtement je doute que l’on en soit capable.Belle journée
· Il y a plus de 4 ans ·sandrine-p
Une belle leçon, de vie.
· Il y a plus de 4 ans ·Une belle analyse, en ayant su prendre assez de hauteur pour mesurer l'ampleur des dégâts... Merci.
chaleur
Merci à vous de votre lecture
· Il y a plus de 4 ans ·sandrine-p
D'une belle tristesse.
· Il y a plus de 4 ans ·Là voilà notre troisième guerre mondiale...juste différente.
Louve
Rien ne sert d’être triste mais en colère je pense qu’il y a de quoi...
· Il y a plus de 4 ans ·Heureuse de vous retrouver.
sandrine-p
Très pertinent. Bravo !
· Il y a plus de 4 ans ·Nous en prenons tous notre part.
Mais l'espoir !!! Il faut le garder intact malgré....
li-belle-lule
Bien sûr mais l’espoir de quoi? De repartir comme si de rien n’était ?
· Il y a plus de 4 ans ·Merci de votre regard.
sandrine-p