Les mots...

thib

...ont plus besoin de poésie que la poésie n'a besoin d'eux, car elle se trouve à ce moment où le langage, en revenant au monde, lance un pont à travers le silence que lui-même ne peut pas franchir.

Photographie de Vincent Descotils intitulée Le chemin possible.



Mots limpides

Flaques et plumes de roche

Le ciel d'étain parlant des routes

Les routes frissonnant des pas de l'avenir

Les nuits passées à se taire

Les nuits passées à faire des enfants au passé des étoiles

 

Entre sois étrangère

Sois le sanglot des foules

Dont sont parcourus nos muscles

Inspire

Emerge enfin

Dis doucement ton nom l'ombre résonnera

 

Les mots ne parlent pas et n'ont jamais parlé

Ce qui témoigne c'est la chair

Entre les mains des mots

Le flot le lourd dans le léger

Le sang des sentinelles renversé sur la machinerie

Le sang offert au moment le plus chaud

 

Pendant que la mort s'arme la vie fructifie

Et toi tu ne consens à rien

Sinon à toutes les secondes

L'une après l'autre

 

Réapprends-moi jeunesse à assumer la vie

Réapprends-moi la faiblesse brillante de ta force

Plante à la vue de tous sous notre ciel commun

Dans la misère

D'autres fleurs que l'horreur d'autres pains que le sang.

 

*

 

Ma joie fraîche ouverte

Venue d'en haut tombée d'en bas

Ma joie sibilante et verte

Dans les errements de palais dans les couronnes du blé noir

Immarcescible tel un rêve sous terre

Ouvre tes veines

Sur les pavés sur la lumière

Sur l'ombre par plaisir

Ma joie sans teint

Apprise reçue dépliée

Que les miroirs donnent au vent donnent aux mains

 

Tu rallumes le feu dans les maisons de l'ignorance.

 

*

 

 

Partout

 

Dans les années pavées de fleurs

Fleurs ouvertes fermées

Années d'évidences

Les bouquets de fenêtres en toilette

Au bord des désirs inconscients qu'elle a conquis

Comme la joie au bord des ses habits de nuit

Dans les impatiences du passé qu'elle s'efforçait

A chaque rêve

D'apprendre à chérir

Je l'ai suivie

 

Son visage est ouvert

Quand ses yeux sont fermés

Vois là cette fin inespérée

Des apparences

 

Il pleut

Elle reste dehors

Elle est venue partie

Dans les paniers de ses cheveux où toute enfance

A mis son lait sa main

Main ouverte c'est soi qu'on approche

Au dessus du

Miroir de son sang

Elle est bien là elle a tout pris

A tout donné à voir

Elle est partie j'y bois

Et ne pas voir le monde tel que je suis

 

Une caresse

Pour te donner un nom

Et le sommeil

Pour le reconnaître

 

Partout

Entre l'eau et la terre

Entre ta peau et mon vœu d'être heureux

Entre ta solitude et le baiser que je te rends

Entre ce que tu m'offres et ce que je te voue

Entre le feu et l'aube

Partout

Le corps un rire l'horizon

Le versant est de ta voix

Pas un pli pas une vague

Pas à pas le temps

Tout le temps retrouvé d'aujourd'hui.

 

*

 

J'entends

La forme de ta peau

Les pas

Que fait ta voix ensommeillée

Le cœur

Au bout des veines branche au bout des fruits

Un écho

A ton sang allongé

Sur mes rêves

Mon amour

Sur l'éblouissement de ta caresse

Où la solitude s'évapore

Lune courbée le jour

Lune mettant la nuit à jour

 

J'entends la chaleur de ma vie

Venir de toi

Envelopper mon rire

Et se répandre avec le vent.

  • Ton texte s'appelle "les mots" et je perds les miens pour te dire combien j'aime.....

    · Il y a plus de 8 ans ·
    12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

    Maud Garnier

    • Tu n'as besoin que de ceux là tu sais. Merci beaucoup.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Vie1

      thib

    • :-)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

      Maud Garnier

  • Une caresse pour te donner un nom... C'est très joli. Un poème qui vertèbre le silence. Les mots...Le mot est le meurtre de la chose disait Hegel.
    J'ai beaucoup aimé.
    Bravo à vous

    · Il y a presque 9 ans ·
    Lisbonne 27 29 juillet 2010 028

    Frédéric Cogno

    • Hegel... on ne m'en avait pas parlé depuis la fac de philo... c'est très catégorique, mais, dans un sens, oui, je crois qu'il a raison.
      Tous les poèmes vertèbrent, à leur manière, le silence. C'est beau, dit comme ça. Merci !

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

  • J'aime tant tes mots, frange d'écume d'une vague vivifiante de vie.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

    • Merci m'zelle, de te laisser vivifier.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

  • Magnifique, une énergie contenue et des mots bien en chair.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Guitar 1029199 1920

    donmar

    • Magnifique, je ne sais pas trop, mais la chair, et l'énergie, oui. Merci. Beaucoup.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

  • c'est si beau ..

    · Il y a presque 9 ans ·
    Gofj

    Maux Délaissés.

    • Merci...

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

Signaler ce texte