Les mots pour le dire.

Je n'avais les mots pour le dire

Sans doute pas ceux qu'il lui fallait

Qu'il faille en pleurer ou bien pire

Je n' savais que me réfugier

Dans des dédales prosaïques

Sans les valeurs des grands discours

Sans les effets des fées lyriques

Qu'elle attendait comme un recours

Au triste vide qui sous son corps

Aimé, de souffres dépendances

L'étouffait aux tumeurs de mes torts

Déviant ses vœux de mes carences

Je n'avais les mots pour le dire

Bouche cousue aux flots d'amour

Mesurant ses yeux à l'empire

Qu'on ose toucher qu'à contre-jour

Comme s'il ne vous était pas dû

Comme si je n'en étais pas digne

Sachant qu'elle ne l'avait pas déchu

Et qu'elle n'en attendait qu'un signe

Aurai-je dû alors ouvrir les vannes

Fermer les yeux, m'abandonner

Souffler d'une voix toxicomane

Des termes à teindre de jamais.

Je n'avais les mots pour le dire

Cherchant mieux à me protéger

Me contentant de les écrire

Au fil de textes, paniers percés,

Qu'il lui plaisait parfois de croire

Au détour de lignes plus ardentes

A l'aveuglette ou au hasard

D'une expression évanescente

Mais pourquoi donc vouloir entendre ?

Le cœur-quidam qui s'éteindra

Mais pourquoi donc vouloir se pendre ?

Aux lèvres d'un con qui se taira

Je n'avais les mots pour lui dire

Qu'elle était comme le nouveau monde

Faut-il en pleurer ou en rire ?

Les souvenirs se font rotondes

Ni mots pour qu'elle se reconnaisse

En canicules aux goûts stellaires

Aux amertumes de mes détresses

Au glas qui sonne si lapidaire

Pas le droit de lui dire non plus

La cathédrale qu'elle représente

Au fond d'un homme qui ne vit plus

Qu'au fil d'une peine tumescente

J'n'avais pas les mots pour lui dire

Que l'un comme l'autre, on était tout

Ou rien mais plus qu'un déplaisir

Lorsqu'elle se pendait à mon cou

Et que même si je ne pouvais

Me perdre en mots bleutés libératoires

De courbes en graphèmes, je jurais

Qu'elle était tout sauf dérisoire

Mais, alors qu'heureuse, elle s'adonne

Aux bras qui l'ont toujours fait frémir

Rien qu'un instant, mon nom raisonne

Elle saura « Les mots pour le dire »…