Les offrandes du vide

Frédéric Cogno

M'enrôlant à jamais îvre de noir profil,

Je forerai la nuit comme un phallus céleste,

Aux poitrines sans fond, je me ruerai yeux lestes,

La croupe lunaire se changeant en pistil,

Mon âme fleurira dans le minerai chaud.

 

J'échangerai les mots contre un état des lieux

En signant ma vision sur les premiers asiles,

Le soleil sortira ses membres érectiles,

Et nos voix fécondées, la grammaire des cieux,

Diffuseront l'index la langue dans l'écho.

 

Entre, vois, dans l'air pur, la spirale des vents,

Prends ta place au forum des effluves en transes,

Et laisse-toi lécher par le divin silence,

Au delà des fibres qui constituent le temps,

Tu pourras  respirer le glossaire nouveau.

 

Ici c'est l'an nausée, là- haut bleu harmonie,

On tend toujours la main et l'heure est digitale,

Tous les coeurs sont ouverts pour  nourrir l'encéphale

Ô triangle brûlant d'éternité enfouie

Où les hommes et l'amour font des jeux musicaux!

 

Creuse en toi un départ sur les quais du pardon,

Invite charognes, loups et mauvaises plantes

A ton oratoire, l'océan qui te hante;

Fuis ces bords falsifiés, redeviens le plancton,

Retourne au placenta pour choyer tes bourreaux!

 

Nous jouissons déjà s'offrant d'autres couleurs,

Sertie de lumières, Lucie devient luciole,

Qu'importe leur vaccin si je suis la variole,

Nous pouvons vivre en paix dans ce souffle d'ailleurs

Et voir planer les muses au dessus des tombeaux!

 

 

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