Les suiveurs

Hervé Lénervé

Mes très chers concitoyens, concitoyennes, l’Histoire de ce jour est l’his... Click !*

* Oui, je peux le couper, l'autre ghostwriter. Il débloque complétement, je vais être obligé de l'augmenter. C'est du chantage par sabotage, pur et simple. Je me plaindrai à la CSF. (Chambre de la Société des Fantômes)

Alors, moi, à force de chercher des histoires délirantes, je suis devenu un délirant de rue. Si, ça existe ! C'est nouveau, rare, mais tendance.

Oui, je marche comme tout un chacun. Mais tout en marchant, comme un tout un chacun libre et sauvage, je récite, je clame, je crie à haute voix... il faudrait être con, pour crier en chuchotant... mes histoires tout en gesticulant de toutes parts de partout. Bien sûr, je les vis, je les joue, mes textes, quoi !

Pour les histoires en costume, je n'ai pas toutes les époques, donc je bricole avec du carton-pâte.

Mais ça se voit que c'est du faux, tout le monde me regarde.

Remarquez, même pour les histoires contemporaines, ils me regardent aussi, les gens. Est-ce que je les regarde, moi, à parler tout seul dans leur smartphone ? La seule différence, c'est que, moi, je n'ai pas de smartphone, moi. Ça me perturbe les ondes cérébrales du cerveau de ma tête, je préfère envoyer des lettres de fumée.

Ceci dit, je me suis fait des fans, ils me suivent partout en écoutant mes histoires. J'espère qu'ils ne vont pas me plagier.

Le problème, c'est qu'ils sont si nombreux à présent, les gens suiveurs, maintenant, que ça fait secte ou manif. D'ailleurs on a souvent des problèmes avec les flics. Je vais être obligé d'augmenter leurs cotisations, il y en a bien qui ne pourront plus suivre.

Signaler ce texte