L'inconnue

christinej

Quand je l’ai vu sur le bord de la route, j’ai cru que c’était un fantôme, une sorte de vision du coin de l’œil.

J’ai pilé aussi fort que j’ai pu, par pur reflexe.

Une fois la voiture arrêtée, j’ai encore hésité avant d’aller voir.

Je reviens d’une soirée, disons, plutôt arrosée. C’était l’anniversaire de Franck, un vieux pote de lycée. C’Était complètement déjantée, comme lui seul sait organiser.

Sa maison est située en pleine campagne, sans voisin proche. Alors il a carrément programmé une rave party d’enfer. Avec des tas d’invités, inconnus pour la plus part, le bouche a oreille aillant attiré des fêtards de toutes catégories . Il y avait aussi qu’une grande quantité de trucs pour faire tourner les têtes comme des manèges enchantés.

Et je dois avouer qu’a partir du milieu de la soirée, mes souvenirs sont plutôt flous. Quand je suis réveillé dans l’herbe a coté d’un vomi que j’ai supposé être le mien, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de rentrer.

Franck dans un semi-coma m’a crié dessus en gesticulant.

“putain mais merde Alex pars pas maintenant. La fête ne fait que commencer. En plus j’ai une méga surprise pour toi, et pour moi, mon pote, allez res…..” la fin de sa phrase fut dégueulé en même temps que le contenu de ses boyaux.

En regardant son état pitoyable, puis en aillant un aperçu de ma propre apparence dans le miroir de l’entrée, je me suis senti minable. Je viens d’avoir 35 ans. Je n’ai plus l’âge de finir dans le gazon après m’être souler sans limite, me réveiller avec la tête dans le cul, une haleine de chacal, et un trou noir a la place des dernières heures de ma vie.

Je suis un homme responsable maintenant. Je travaille comme infographiste pour un magazine sur le web, et j’ai de la chance mon job me passionne un max. Je m’entretien, je cours tout les jours, je fais un peu de musculation aussi, j’essaie même de manger équilibré.

Je suis assez satisfait d‘ailleurs du résultat, je fais assez d’effort pour ca.

Je suis célibataire depuis un moment, depuis Marie. C’est dur de se relever après elle.

Et donc me voila au milieu de nulle part, mes traces de freinages fraichement imprimées sur le bitume. Je serre tellement mon volant que mes phalanges en sont blanches.

Il faut que j’aille vérifier si elle est réelle.

J’ouvre ma portière.

Comme dans un mauvais film d’horreur, j’entends au dessus de mon épaule le vole de plusieurs oiseaux invisibles brisant le silence glacial de la nuit. Et pour compléter le tableau, déjà lourd de frayeur, un hibou hulule lugubrement dans les fins fonds des bois alentours.

Mon cœur bat a tout rompre. Je me tiens fermement a la voiture tandis que je tourne la tête.

Elle est toujours la, diaphane. Elle n’a pas bouge, ni même regardé dans ma direction, elle semble fixer la route en se balançant de droite a gauche.

Je dois aller la voir pour savoir si tout va bien.

A suivre…

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