L’odeur de ma pudeur

tactac

Il suffit qu’Adam & Yves croquent dans la pomme pour qu’ils soient gênés de leur nudité. A la recherche de feuillages, ils sont à l’origine du premier shorty en matière 100% naturelle.
Que Charlotte refuse de se dénuder dans un sauna comme ses amies Carrie, Samantha et Miranda, et on la taxe de complexée. Ne pas montrer sa chatte est devenu so oldschool. N’aie pas honte de ton corps, mais ta chatte devra tout de même être à l’Américaine ; la forêt vierge de la Cicciolina c’est so eighties.
Mais moi je n’ai pas de minou et Réglisse est retourné chez mes parents. De plus Charlotte est une fille et moi un mec ; et un mec n’a pas le droit d’être pudique.

Prenez tous ces mecs en soirée : et que ça exhibe ses flexs, et que ça perle des pecs. J’avoue que je n’ai pas leur corps, mais si je l’avais je crois bien que je garderais sur moi mon t-shirt trempé de sueur pour autant.

Ai-je vraiment honte de mon corps ? Je ne le pense pas.
Au pieu je suis prêt à faire toutes les cochonneries possibles et inimaginables, mais si je dois aller prendre une douche après l’acte c’est la main au sexe. Cela fait sourire. On trouve ça mignon qu’un garçon cache son kikou alors qu’il vous l’a mis partout 5 minutes auparavant. C’est juste que je ne trouve pas ça très esthétique un kikou qui fait bœing bœing quand on marche. Je n’ai pas trop envie de jouer au mannequin de la pub des Invisibles de Dim.

Mais d’où me vient alors ce comportement pudique ?
De mon éducation judéo-chrétienne ? Probablement, mais ce n’est pas très intéressant.
De mon passé d’enfant obèse ? Bien sûr. Lorsque des enfants vous pressent les seins à la plage en s’exclamant « Elles font de la crème les vaches ? », forcément que ça vous marque !
Mais ce comportement a surtout pour origine une dispute avec mon frère.

Mon père habitait à Rotterdam à l’époque. Nous avions un rythme d’enfants de divorcés et passions quelques week-ends chez lui. Il me lisait Le Petit Prince dans La Pléiade pour que je m’endorme et que j’apprenne ce qu’est un baobab. Mais ce soir-là, mon père avait un dîner d’affaire et mon grand frère me gardait.
L’appartement avait une vue imprenable sur Rotterdam et ses habitants. On pouvait presque faire coucou aux prostiputes packagées de la ville. Je m’apprêtais à aller au lit et me changeais moi aussi dans ma vitrine.
Soudain, mon frère arracha tous mes vêtements et les emporta avec lui dans la salle de bain. J’étais pris de panique, je me retrouvais nu comme un lombric devant une pléiade de passants me matant par la baie vitrée. J’étais véritablement convaincu que le monde entier me voyait nu dans mon bocal. Il est évident que personne ne me regardait dans ma cage de verre, mais j’étais persuadé du contraire. Je criais, je pleurais et mon frère riait derrière la porte. Et cela a duré, et cela a duré. Dix bonnes minutes. Dix mauvaises minutes où un traumatisme – aussi minime soit-il – a vu jour.
Car ma pudeur a l’odeur de mon frère.

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