Loin
petisaintleu
Après l'excitation de la préparation, l'énervement des files d'attentes pour passer la douane de l'aéroport, nous y sommes enfin. Nous en avons tant parlé, ça a été tant espéré et reporté, nous avons tellement écumé les guides touristiques et les programmes télés que nous n'y croyions plus. Dans l'avion, tes pupilles se sont dilatées, ton souffle se fait court, on dirait les prémices d'un orgasme. Tu me serres la main à m'en faire mal. Respire ma douce, je suis là.
Je sais que j'aurai à faire des concessions. Tu n'as pas voulu, tu ne veux pas encore de Saint-Pétersbourg ou de Reykjavik. Tu n'es pas encore prête à écumer le musée de l'Ermitage ou à plonger dans Blue Lagoon. On le fera mais plus tard. Nous avons maintenant tout l'avenir devant nous à supposer qu'il nous laisse un peu de temps. Nos carcasses se font plus vieilles que ce nous voulons bien l'admettre et nous ne sommes pas à l'abri d'un accident de parcours. Alors oui, je te laisserai profiter de tout ton soûl des plages aux sables immaculés, de la transparence des eaux jusqu'à ce que ta peau soit tannée par le soleil. Ce n'est pas grave. Je saurai pleinement en profiter, quand tu seras allongée en fin d'après-midi dans notre chambre en bord de plage, du bronze de ton corps, de tes formes. Et j'ai pris un carnet, un stylo et j'ai ma liseuse. L'essentiel est de te voir sourire. Tu me touches quand tu souris. J'envie ton insouciance, ta capacité à prendre les choses telles qu'elles viennent. En d'autres temps, ça m'aurait énervé. Je t'aurais trouvée niaise et creuse. Mais je me suis assagi. Et je t'aime. Tes doigts qui caressent mes cheveux, tes petites attentions. J'ai appris à fermer les yeux et à me dire que c'est agréable, grâce à toi ma chérie. Merci.
Et j'aurai ma revanche. Je sais que je t'hypnotise quand, l'air de rien, je te sors une anecdote de mes années Quid. Et je sais que ça t'émeut. Tu en connais les raisons. Tu sais toutes les épreuves traversées par le petit garçon que je n'ai pas été quand j'aurais dû l'être et que je suis désormais quand je me love contre toi. A Moorea, du haut du belvédère, je te parlerai des voyages du capitaine Cook, de ses trois circumnavigations et de la découverte d'Hawaï en 1778. Tu connais déjà Magellan. À Cebu, aux Philippines, je t'ai montré sa croix pieusement conservée et je t'ai parlé de Lapu-Lapu. C'était après notre voyage au Mexique. Je t'ai bien fait rire quand nous sommes allés visiter les pyramides Aztèques de Teotihuacan. Je t'ai sorti, dans un délire halluciné, ma théorie sur ces monuments et les aliens puis je t'ai parlé de la théorie du complot. Tu sais ce qu'il y a derrière mes blagues à la con, un appel désespéré pour que tu me prennes en charge. Le soir, tu as fait tomber le masque. Tu m'as regardé, tu m'as longuement embrassé et nous avons fait l'amour dans des draps trempées de ton plaisir et de la sueur de nos corps.
Dans les faubourgs de Tunis, après être passés par La Marsa et avoir cité de tête les impressions d'Henri Dunant quand il l'a visita en 1858, avant de nous rendre à l'incontournable Café des Délices, je t'expliquerai dans les ruines de Carthage les amours de Didon et d'Énée, tu sauras tout sur les guerres puniques. À Agadir, alors que nous nous promenons main dans la main au bord de l'océan et que les brumes atlantiques ne se sont pas encore dissipées, tu t'étonnes toujours avec bienveillance de l'attention que je porte aux enfants déguenillés. Tu le sais mais tu respectes ma pudeur. Tu détourneras le visage quand une larme viendra s'écraser sur ma joue. Je n'ai jamais pu supporter les injustices et le hasard de la vie qui nous ont faits naître du bon côté.
Il ne te restera plus qu'à me faire partager ta passion pour la voile. Tu te moqueras de ma fausse gaucherie et de mon évidence mauvaise foi à m'énerver sur le maniement du gouvernail. Mais tu me connais. C'est plus fort que moi les gamineries. Très vite, je te parlerai de mon ami Daniel, pédé comme un phoque, quand tu auras levé la voile homonyme pour profiter d'un vent arrière puis, lors de notre retour au port, de mon désir que tu t'amarres à ma bite.
Nous avons de la chance de nous être trouvés pour nous compléter.
Beau et sensible. Que c'est beau un homme qui aime
· Il y a plus de 10 ans ·Isabelle Leseigneur
Nuance, qui souffre..
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Donc qui aime !
· Il y a plus de 10 ans ·Isabelle Leseigneur
Voila...
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Un superbe texte, très bien raconté et charriant avec lui plein d'émotions sans pour autant tomber dans la niaiserie. Vraiment bravo, tu viens de m'offrir un petit instant de poésie à travers le ciel gris de ce vendredi soir pluvieux.
· Il y a plus de 10 ans ·------
Merci, tu me fais me telescoper ma modestie et mon ego !
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Voilà mon ami WLW bien romantique... Un qui n'a pas l'air, ni la chanson... écorché vif qui se rend compte du bonheur qu'il a... c'est bien... Il devient sage... Dis donc... Pour Didon... bien au coin comme d'hab. la Vivi Kiss
· Il y a plus de 10 ans ·vividecateri
Relis tes classiques romains, Doudou dis donc ;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
;oD kissous
· Il y a plus de 10 ans ·vividecateri
Je trouve cet hymne à l'amour merveilleux de tendresse. Il m'a beaucoup émue, merci beaucoup !
· Il y a plus de 10 ans ·another-day
'est moi qui vous remercie. J'ai essayé de faire une synthèse de tout l'amour que je ressens, de mes blessures en y mettant ce que j'espère être un peu ma marque de fabrique, un humour un peu provoc et désabusé.
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Vous pouvez également vous abonner à mes textes. Je pense que certains devraient vous plaire.
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu