L'ordre des choses (extrait)

lucvalero

Quand la ville est encore plongée dans la pénombre, les endroits du quotidien se révèlent, sans fard. Ruelles sombres sans fin et culs de sac familiers se succèdent ainsi ce matin là, étranges et menaçants. Ils me conduisent à travers la nuit, jusqu’à la gare livide qui se dresse dans l'ombre. Le froid vif mord mon visage. Après le vaste hall décrépi, et tout au long d’un interminable quai, il m’accompagne, m’enveloppe irrémédiablement jusqu’à m’étreindre, avant de m’abandonner à la chaleur artificielle du wagon lorsque, derrière moi, les portes se referment enfin.
La raison a déserté mes pensées ce matin, j’ai pris le premier train. Depuis son appel, je n’ai qu’une idée en tête, obsédante : la rejoindre. Les quais se retirent d’abord, puis les lumières blafardes de la ville, après que le train se soit mis en mouvement. Bientôt, il me projette dans les ténèbres tandis que je sombre dans l’espace infini de mes pensées.

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