Ma vie de con (3)
arthur-roubignolle
Ma vie de con (3)
journal infime...
21 février (matin) : Du nouveau. J'ai changé de forfait téléphonique, je peux appeler désormais en illimité. Il n'y avait plus que moi à avoir un misérable forfait d'une heure. Tous mes amis sont en illimités depuis longtemps, ils en profitent lâchement pour me raconter leur vie inintéressante pendant des heures. Je vais pouvoir enfin faire comme eux...
21 février (soir) : Plus ça va, moins j'ai de choses à dire aux gens, ça me rappelle d'ailleurs un oncle du coté de ma mère, qui avait peu à peu renoncé à parler. Sur la fin de sa vie, il se contentait de hocher la tête pour dire oui ou non, ou bien d'émettre des grognements indistincts, histoire de montrer qu'il avait entendu ce qu'on lui disait...
Comme je passais régulièrement des vacances chez cet oncle, je m'étais amusé à tenter de donner un sens à ses grognements. A ma grande stupéfaction, j'avais découvert tout un langage derrière ces borborygmes de plantigrade...
Un « grnouff » assez doux signifiait que mon oncle ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'on lui disait. Par contre un « greugnouf » signifiait qu'il n'était pas tout à fait d'accord, tandis qu'un « Groutchnouf » marquait de sa part une désapprobation totale...
J'en avais conclu que, même lorsqu'il n'a plus envie de communiquer, l'être humain ne peux s'empêcher de le faire... même si c'est de façon très rudimentaire...
Et quand on pense qu'il y en a qui communiquent même avec les morts, il n'y a plus de quoi s'en faire à propos de la fameuse « incommunication » entre les êtres...
22 février : je passe de plus en plus de temps dans mon lit. Serais-je atteint d'un syndrome Proustien ? Proust a en effet passé la majeure partie de son existence dans son lit, qu'il ne voulait plus quitter. C'est allongé dans son plumard qu'il a écrit la quasi-totalité de son œuvre. Il recevait ses amis allongé, ne quittant sa couche qu'en cas d'extrême nécessité (et pour ses besoins naturels évidemment...). A l'aide d'un petit écritoire il couchait (c'est le cas de le dire!) ses textes sur le papier, d'une fine écriture, très claire et quasiment sans retouches... Ceci dit, je n'ai jamais vraiment réussi à lire Proust à cause de ses phrases trop longues, j'ai besoin de virgules pour respirer...
23 février : cet hiver qui n'en finit pas me fait rêver à des îles paradisiaques. Heureusement que je les ai connues lorsque j'étais dans la marine. Je me souviens d'une escale à Tahiti, ou nous déchargions une cargaison de poulets de Bresse congelés... Une autre escale à la Guadeloupe, ou nous chargions des containers entiers de disques de Francky Vincent... Une autre escale à Hawaï, avec un chargement hétéroclite de pots de chambre, de clystères et de cuillères en bois. (Que faisaient-il de tout ça à Hawaï ? Mystère!)
J'en ai fait des îles, mais je n'y suis jamais resté plus de quatre jours d'affilé... Il fallait reprendre la mer, aller ailleurs toujours, charger, décharger... appareiller, larguer les amarres, partir à peine arrivé...
Les terriens s'imaginent la vie du marin palpitante et pleine d'aventures... Il n'en est rien, elle est au contraire très routinière, certes, demeure la magie de découvrir des endroits nouveaux, exotiques, et évidemment, la mer, toujours renouvelée, toujours changeante...
Moi, ce que j'ai apprécié par dessus tout en mer, c'est qu'il n'y a pas de ronds-points (Mais ils sont bien capables d'en mettre là aussi un jour...)
(soir) : j'ai mangé une excellente soupe aux lentilles !
24 février : il neige aujourd'hui. Que c'est beau la neige ! C'est l'enfance retrouvée, la joie de sortir dehors faire des boules de neige, des bonhommes de neige...
C'est le plaisir de rentrer chez soi ensuite, bien au chaud et de se réconforter avec un bon bol de chocolat chaud...
Par ma fenêtre je regarde pensivement la neige qui tombe, et je me souviens de cette journée avec toi, ou comme les gamins fous que nous étions, nous fîmes une folle bataille de boules de neige... Soudain tu te déshabilla, et, complètement nue, tu te mis à danser pendant que moi, ivre de bonheur, je chantais l'hymne à la joie...
Puis nous fîmes l'amour, là, sous et sur la neige complice qui crissait doucement aux mouvements lascifs de nos corps...
Puis ensuite nous bûmes un bon bol de chocolat chaud...
(Dans la nuit j'attrapais une fluxion de poitrine et l'on me conduisit aux urgences...)
25 février : Mon amie Martine est venue me voir. Elle me dit : « Mais comment peut-tu rester célibataire, toi si beau, et qui a toujours si pleins de choses intéressantes à raconter? ».
Je lui ai répondu : « C'est à cause de ma mère ! ».
Martine : « Ah oui c'est vrai, tu n'as jamais réussi à couper le cordon ombilical avec elle... »
Moi : « Si, j'ai essayé, mais à chaque fois elle me prenait les ciseaux des mains... »
(A suivre...)
Kilekon, roubignolle ... Avec un nom pareil, faut dire ...
· Il y a plus de 9 ans ·continue quand même.
white-hunter
Quelle vie!!!! Pffff! je suis soufflée!!! Kissous!
· Il y a plus de 9 ans ·vividecateri
Merci ma pauv'Vivi, faut tenir l'coup. Kissous
· Il y a plus de 9 ans ·arthur-roubignolle
J'suis pas ta pauv Vivi! Na! Non mais... Kissous;-D
· Il y a plus de 9 ans ·vividecateri
Passionnante cette nouvelle aventure de Martine chez les Roubignolles !
· Il y a presque 10 ans ·Chris Toffans
Attends c'est pas fini! Ça ne fait que commencer. En tout cas, merci de lire ma vie pleines de trous...
· Il y a presque 10 ans ·arthur-roubignolle
http://fr.audiomicro.com/ours-grognent-animaux-betes-ours-grognent-effets-sonores-gratuits-39942
· Il y a presque 10 ans ·erge
Grand grnouff
· Il y a presque 10 ans ·yl5
Il me plaît bien cet article mais je ne sais pas comment on dit ça en langage "ours" '-)
· Il y a presque 10 ans ·erge
Un grognement quelconque suffira bien...
· Il y a presque 10 ans ·arthur-roubignolle
En somme, tu es un Sombrero de l'amer...
· Il y a presque 10 ans ·Bouquet de pensées de sourires parmi les tiennes :)
Apolline
Ce bouquet de pensées vient illuminer ma journée, je vais le poser là, devant ma table
· Il y a presque 10 ans ·arthur-roubignolle
C'est bizarre moi j'ai une vie de merde et ben ça ressemble à s' y méprendre à ce que tu décris !!! Je suis franchement déstabilisé !!! Vivrais - je une vie de con en pensant naïvement passer une vie de merde ??? Ou alors c'est parce que j'ai des enfants que je suis different ??? Je ne sais plus quoi penser pour le coup...
· Il y a presque 10 ans ·dary-crawl
Attention, une vie de con et une vie de merde ça n'est pas tout à fait la même chose. Dans une vie de merde il arrive pleins de choses, certes pas marrantes, tandis que dans une vie de con il n'arrive RIEN !
· Il y a presque 10 ans ·arthur-roubignolle
Ah ok !!! Donc les enfants les galères les femmes inaccessibles les complexes introspections, c'est de la merde. Merci Arthur je suis plus tranquille maintenant. Et compatissant aussi. Je garde ma vie de merde sans regret !!!
· Il y a presque 10 ans ·dary-crawl
Et une vie de conne les gars, je vous explique même pas, c'est la merdasse,..
· Il y a presque 10 ans ·Apolline