Mais fermez cette porte...

Jane Véronique

Poème débridé inspiré du Verrou de Fragonard...

- Je ne saurai vous laissez faire…
…mais osez-donc !
- Il s'agit aux regards de nous soustraire,
Grand Dieu ! Qu'il ne pénètre quiconque…
- Ou plutôt si, c'est si tentant…
- Tiré-je donc ce loquet ?
Ou laissons le sort itinérant
surprendre cet aparté ?
- Verrouillez cette porte
je vous en supplie !
Et emplissez-moi que rien ne sorte !
Je me consume… Ahhhh ! Je m'occis…
- Espérez-vous un courant d'air, 
si la chaleur vous décourage,
que j'entrebâille pour vous distraire ?
- Décidez-vous je suis en nage!
- Cessez de me tordre le cou !
Je n'atteindrai pas la targette !
Comment puis-je faire, soudé à vous,
pour accomplir ce que femme souhaite ?…
Mettons de l'ordre dans nos vœux.
Que décréter quant au verrou ?
Quelle position vous sied le mieux ?
- Assise, couchée et même debout !
- Nous en sommes au choix de l'ouverture.
- Ne vous en souciez pas,
je suis conciliante de nature…
- Vous approuvez ce loquet coi ?
- Oh ! Non ! Loquetez, loquetez !
- Je verrouille à vrai dire ?
- Peu importe je suis pressée !
- Je ne déchiffre votre désir
et ne sais que tenter, je vous l'avoue…
Dois-je tirer la chevillette ?
- Mais tirez, tirez vous êtes ici chez vous !
- Ou plutôt… poussé-je la tirette ?…
- Poussez aussi !
De toutes vos forces !
- Votre indécision m'anéantit…
Une migraine en moi s'amorce
à en égarer sa boussole.
J'en reste sans voix…
Autant lancer une casserole
et abandonner à sa queue, le choix…
- Intimez à la vôtre une intention virile !
- Le dilemme a émoussé mon instinct…
et le jour point déjà exténué, fébrile.
- Je me résous, vous avez tué mon appétit, il est mort de faim.
Je vous en prie,
sortez...
- Je ne le puis,
le verrou est bloqué !

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