Monnaie dissonante et trébuchante

Écrire pour des idées, oui mais de mort lente … aurait chanté le Sétois moustachu à la lecture de cette annonce : « WeLoveWords vous propose de concourir pour Otograff, en écrivant un papier de 6000 signes sur le thème de la dissonance. Le texte du lauréat sera publié et sera « gratifié » de 100 euros ». Soit 25 euros brut le feuillet de 1500 signes. Dissonance revenu / travail, s'il en est !

S'il l'on estime le salaire légitime d'un rédacteur autour de 2500 € bruts mensuel (ce qui me semble un minimum vital) et son temps de travail annuel de 45 semaines (déduits : congés cinq semaines, trêve des confiseurs, jours fériés) de trente-cinq heures , il devra gagner 19 euros de l'heure. Soit.

Mais là où le bât blesse, c'est avec le rude contact des effets de la précarisation de ces travailleurs des méninges qui doivent également trouver les jobs, réaliser les interviews, compiler la documentation, absorber les temps de transport, émettre les factures, relancer les comptables … tâches qui occupent au moins la moitié de leur temps.

Donc leur rémunération horaire réelle devrait passer à 40 €. A ce tarif, la contribution à ce concours, prise comme exemple, ne devrait donc pas excéder deux heures et demie. Cette cadence corresppond à une production de onze feuillets par jour d'écriture ou une productivité équivalente de 50.000 mots par mois, niveau atteint par les romanciers les plus efficaces !

Et avec ce salaire royal, il devra bien entendu, s'équiper de quelques babioles : ordinateur, logiciels, imprimante, appareil photo numérique …. Mais qu'il ne se plaigne pas, il aura son nom dans l'ours ! Et ça c'est bien connu, ça n' a pas de valeur. Mesdames, Messieurs les éditeurs, merci de nous garder vos miettes.

(ci-dessus un feuillet généreux, si je gagne j'empoche 100 €, correct sans plus, c'est pourtant cela la réalité si je ne veux pas mourir de mort lente)