Musique Maestro!

Je sors du Palais de Justice où je viens de plaider une affaire difficile. Un compromis à la belge qui a mal tourné. Il pleut des cordes. Un homme en état d'ébriété fait le gugusse à l'arrêt de tram de la Porte Louise. La police s'en mêle alors que les passants essayent d'ignorer les propos piquants de l'homme. Son nœud papillon pend minablement. J'attrape mon i-pod et m'engouffre dans la station de métro. Un guitariste anime le couloir. Il sourit trop pour être heureux. Tout le monde aimerait faire la fête, moi j'aimerais engloutir un moules frites. J'augmente le son. Je n'ai pas sommeil. Je laisse passer le premier métro. La rame est remplie à craquer. Je regarde le panneau d'information. Le prochain arrive, peut-être que j'aurai une place assise. Je diminue le son pour ne pas déranger mes voisins. Station Arts-Loi. Le métro se vide pour se remplir d'avantage. «Je suis trop bête mais je sais t'écouter ». Le tohu-bohu m'empêche d'entendre tous les mots mais je les connais par cœur. Station Simonis, la voix du conducteur recouvre la musique. « Terminus – Eindpunt ». Flamand, Wallon ou bâtard, nous sommes tous logés à la même enseigne. Le métro n'ira pas plus loin. J'attends le tram 19. Je mets sur pause. L'émotion m'étreint. Je suis coincé contre la porte du tram et le dôme de la Basilique me fait un pied de nez. C'est ici qu'il vivait. Un homme formidable habitait à deux pas. Mon portable sonne. Ma fille me demande « Papa où t'es ?» (10)