The Cure - Faith

Ce n'est plus 17 seconds. Nous sommes déjà entrés dans l'onirisme. Mais il est encore tout empreint d'une nostalgie adolescente. Je retrouvais en fermant les yeux le Grand Meaulnes, des après-midis pluvieux, le nez collé à la vitre, comptant les jours dans l'espoir d'une éclaircie.

Ce n'est pas encore Pornography. Dans Pornography, Smith a jeté l'éponge. Il plonge tête la première dans le gouffre. Le ton est donné dès les premières paroles. Black is black, painted in black. L'avenir sera à l'arrière d'une voiture noire.

Ce n'est pas Joy Division et les déhanchements épileptiques d'un Ian Cutis qui choisira la corde pour mettre fin à ses angoisses existentielles; et encore moins du Bauhaus et les prémices gothiques d'un Bela Lugosi.

Avec Faith, nous sommes sur le point d'équilibre. On regarde dans le rétroviseur avec l'espérance d'une possibilité de retour vers la grâce. Devant, on découvre avec effroi que demain sera plus sombre que la veille.

La pochette est à l'avenant de synthés, ouatée et mystérieuse, en nuance de gris. Je m'interroge toujours. Faith est-il la marque d'une époque, désillusions post-punks d'un mouvement déjà déliquescent dans son esprit originel ou à la croisée de mon chemin, juste au moment où je n'attendais rien, hormis peut-être la confirmation d'une ruine annoncée ?

Je préfère rester dans le doute, recroquevillé. Me noyer dans la foi primaire, à l'heure où tous les chats sont gris. Dans l'attente que d'autres voix annoncent la sainte heure de mes obsèques.

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