My Susanne (Hommage)

Susanne Derève

Viens je t'emmène                        
vers les mondes oubliés       
de cette nuit païenne                    
chenaux de tourbe grise                 
où s'étiolait le vent                                        
dans l'antre des rivières                 
au delà de l'estran                         
 
Y voguaient des bateaux  
lourdement arrimés
que menaient les haleurs
jusqu'aux débarcadères    
          
Sur l'eau noire de loin
nous les voyions passer
et leurs noms et les figures de proue
à leur carène
évoquaient  des  contrées
des villes incertaines
des cités inconnues  insalubres
et mouvantes
 
Et dans le crépuscule 
il nous semblait surprendre   
l'écho de chants marins                                    
dans les mats de misaine
le timbre des guitares                                     
ou  le tohu-bohu des caixas brésiliennes                 
 
Viens je t'emmène
les fanaux sont éteints
dans le port les sirènes     
ont gémi leur refrain                                          
et la nuit mensongère
comme ces longs chaluts
harassant les rivières                        
tendra bientôt sur nous
sa toile d'Arlésienne         
 
Alors mes bras  t'effleureront                    
dans une invite nue                             
ils guideront ta main calleuse 
sous ma chemise
 
Et contre ma peau lisse  
dans la nuit  ingénue                                
tes caresses soudain
se feront plus  précises         
                                          
Ce grand corps fatigué
dont je connais le grain
les méandres rugueux
les vieilles cicatrices
je l'accueillerai en moi 
comme un novice
tremblant sous mes baisers
de fièvre et de désir
de ma soif assoiffé
vibrant à mes soupirs   
         
Faudrait-il être fou faudrait-il être sage                
pour  se jouer des serments                                       
d'un marin de passage
je me ferai vestale du plaisir
 
Es-tu cet homme sans regard
que le passé entraîne aussi inexorablement
qu'un boulet à la mer
je voudrais te garder je voudrais te chérir
mais la mémoire est reine
mais la mémoire divague
 
Dans les ports sur les quais
et les débarcadères
dans la moiteur des docks
dans le vin et la bière
il te faut retrouver
dans la huaille des bars                  
le chant des lamaneurs
et des hommes de peine
 
Viens je t'emmène                       
hors ces mondes oubliés
où hurlent les sirènes
que voguent les  bateaux
vers des villes lointaines
aux noms de ciels d'été   
                                         
Va Susanne t'emmène      



 
  • Le jour où tu m'emmènes
    au fil de tes poèmes,
    je te suis jusqu'au débarcadère :
    le vent vient de la terre
    et l'antre de la rivière
    pousse son eau lourde de limons,
    j'en ai oublié le nom .

    Figure de proue,
    je ne sais encore où
    tu m'emmènes :
    tu es la sirène ,
    dont la passion
    dévore les horizons
    ( et j'écoute ta chanson ).

    Tu m'emmènes
    sur des terres lointaines,
    enrobées de brume et de brise,
    quand tu me guides sous ta chemise,
    on n'y voit pas bien,
    mais cela passe par les mains
    - je ne vais pas vous faire un dessin...! -.

    Si la nuit est mensongère ,
    nous avons contourné les bateaux de guerre,
    et dressé les voiles,
    jusque vers les étoiles ,
    raccommodé les cicatrices,
    et de ta peau souple et lisse,
    j'ai bu à ton calice .

    Nous sommes partis bien loin,
    les fanaux se sont éteints ,
    et nous nous sommes étreints
    dans la douceur d'un soir d'été ;
    nous avons fêté
    la joie de nos corps salins
    jusqu'au petit matin ...

    Quand les vagues m'ont réveillé,
    j'ai compris combien j'avais rêvé ,
    en voyant le bateau dériver
    au gré de la mer
    et de mes chimères
    pour que la tristesse,
    tout d'un coup, réapparaisse.

    J'ai cédé à ton invite
    pour un voyage sans limite,
    mais tu m'as laissé seul
    proche d'un rivage bordé d'écueils,
    seul sur la mer
    dans un bateau désert
    où tu étais naguère ...

    -
    RC -

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • tu vois il y a 6 mois je t'ai dit que tu étais imprudent !

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève

    • c'est vrai... mais malgré tout j'y reviens !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

    • homme sans regard

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève


  • Un voyage au long cours,
    les vagues et montagnes salines,
    partir pour ne plus revenir,
    - ce n'est pas le bagne -
    à voguer les yeux fermés
    car, si on parle d'amour,
    la métaphore maritime,
    de la fièvre et des désirs,
    je t'accompagne
    les yeux fermés...




    · Il y a presque 7 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • https://www.youtube.com/watch?v=II4h_tkOq-I

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Img 1660

    Marcus Volk

  • Je suis donc Suzanne...
    de villes lointaines
    en mondes imaginaires
    c'est un autre univers
    où on traverserait même le désert
    avec une caravane

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • les déserts et les dunes comme des vagues

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      Susanne Derève

  • A la découverte d'un nouveau monde...

    · Il y a presque 8 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Très beau

    · Il y a presque 8 ans ·
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    nyckie-alause

    • Merci de ta lecture, bon Dimanche à toi :)

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Susanne Derève

  • Magnifique comme la chanson de Cohen !

    · Il y a presque 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci comme toujours de tes encouragements :)

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Susanne Derève

  • je crois que je garderai longtemps ces mots contre moi

    · Il y a presque 8 ans ·
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    Gabriel Meunier

  • Bouleversant. Je ne sais quoi dire. La terre peut-elle s'arrêter de tourner ?

    · Il y a presque 8 ans ·
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    Gabriel Meunier

    • Vous avez déjà eu le temps de le lire ? Je pensais à Cohen surtout , à Rimbaud , à ce magnifique livre de Catherine Poulain "Le grand marin" , à l'"Ouragan" de Laurent Gaudé et peut-être ..aux bars de Saint Malo ...

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Susanne Derève

    • j'avoue que je suis décalé, néophyte ou ignare... Mais les bars de St Malo un tout petit peu... Et j'ai beaucoupe d'amis bretons... Mais le plus important est le souffle du large, je crois.

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Gabriel Meunier

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