Chroniques perdues : The Strokes - Is This It?

Eric Rktn

Que savons-nous du post modernisme? Qu'Internet a donné à notre mal de siècle une ampleur mondialisée aussi rapidement qu'un SPAM dans la boite mail de nos vies. Il y a là-haut une épée de Damoclès qui peut mettre fin à toutes nos joies, peines, jobs, relations amoureuses bancales, avec l'inconscience d'un enfant qui appuie sur un jeu d'éveil. Le premier album des Strokes rappelle ce paradoxe, ne serait-ce que par leur nom à double-sens.


Le quintet s'inspire, pille et détourne ses pères: de Lou Reed à Ian Dury, attitude incluse, nonchalance apparente et la propensions au mélodies simples, vicieuses, insidieuses. Les jeux d'Albert et Nick s'entrecroisent, piquent ici du Velvet, ajoutent là un solo insolent, le tout habillé d'une décontraction déconcertante et de loques chinés en friperies. Fabrizio et Nikolai jouent le sexyness contenu, le dérapage contrôlé qui sonnerait comme un clin d'oeil au passé s'il n'y avait pas le charisme branleur du leader, troisième prisme leur conférant une postérité immédiate dans l'histoire du rock new yorkais. Mains dans les poches, filtre sur la voix, chant blasé, Julian remporterait aisément un concours de pédanterie si son songwriting n'était pas aussi brillant. C'est cynique et j'en foutre qu'il décrit une vie morose, is this it? Une ville aux buildings plus grands que nos destins, is this it? Que les problèmes de ce monde ne seront pas résolus par un groupe de rock, This Is It. Le post modernisme, c'est le point d'orgue en forme d'avion qui se fiche dans la tour de verre qu'est notre existence, nous sommes bien en 2001, trois mois avant le 11 septembre.


Comment savoir que l'on tient un album mythique? Quand on oublie que dans le ciel des bombes sifflent et qu'il y en a peut être une avec notre nom dessus, quand on sait que le monde ne tourne par rond mais que nous pouvons encore danser dessus.

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