ORIENT OCCIDENT

En 1970, la conquête de la Lune ne connaît pas d'éclipse, la puissance humaine ne voit pas ses limites, alors que la pilule et la pollution pointent.

On théorise la fin du travail prônant l'autogestion des robots, on fume encore le shilom de la paix dans les vallées perdues d'Afghanistan, et les grands se détendent.

C'est aussi l'apprentissage de la consommation et des loisirs dans ce coin de continent, vivant avant que le prospère ne soit périmé ses derniers feux sans trop de clodos, en célébrant Johnny ou Clo-Clo.

Cette année là, Mlle Hue, notre jeune prof de musique pose sur la platine un de ses 33 tours neuf, dont la pochette de la collection Philips Prospective 21^e siècle, N° 836 897 DSY, présente un damier gris métallisé et irisé qui basculé scintille en formant des vagues de chevrons, matérialisant une modernité s'accordant aux robes rivetées d'un Rabanne, et aux gratte-ciel vêtus d'inox poli.

Elevées précédemment aux classiques, nos oreilles déboussolées rencontrent frontalement l'œuvre de Yannis Xenakis : « Orient Occident »,  morceau illustrant un documentaire d'E. Fulchignoni tentant de démontrer le rôle des arts orientaux et étrusque dans l'évolution de la sculpture grecque.

Tandis que la grande majorité partisane du mi mineur alliée aux fans du rock conservateur commence à vouloir faire cesser ces sons sortis du G.R.M cuvée 60 ; de mon côté je semble être le seul foudroyé dans un premier temps, puis happé dans ces courants d'airs neufs survolant sur un tapis ondulant une nouvelle et personnelle route de la soie, en  y croisant simultanément Alexandre le Grand, Marco Polo, Gengis Khan et le père Huc.

 L'initiation fut réussie et depuis je reste un sectateur de la musique électronique dont l'œuvre de Pierre Henry occupe une bonne partie de mon cerveau disponible.