Paris - lundi - 31 - mai. J' - ai - trouvé - l' - appareil - pour - les - soudures.

anemone

Paris - lundi - 31 - mai.

J' - ai - trouvé - l' - appareil - pour - les - soudures.

Comme la pile a deux tendances, le plus et le moins, je suis bipolaire de corps et d'esprit. Je suis un minuscule globe empli de mouvements contraires, affublé de deux hémisphères. Mon humeur est changeante. Je perçois, quand je suis au bord du quai, les dédales pervers qui sillonnent chacun de mes fidèles composants. Alors, je reste dans un état léthargique et anxieux, gênée d'être à la vue de tous.

Je sais où il se trouve, je cherche le fil conducteur, celui qui remplacerait les sillons successifs qui n'arrivent qu'à effleurer la paroi.

Ce qui me fait patienter et supporter le mal de ces deux destinations opposées constamment connectées, c'est que j'atteindrai un jour l'externe.

Je suis un parenchyme médullaire diffus. C'est plus méconnu par la technique donc plus inquiétant mais tellement plus proche de ma nature.

Aujourd'hui je voyage, c'est beau mais rapidement je me rends compte que les blocs successifs que je traverse sont tous les mêmes. Ils sont simplement et à peine judicieusement séparés par une enveloppe visqueuse criblée. Je ferme les yeux et parviens à visualiser cette vaste tromperie.

J'ouvre les yeux, il m'apparaît une évidence : j'ai le choix entre deux options aller ailleurs ou retourner à ce que je connais. L'une est un lieu parcouru et rassurant, l'autre une idée rassurante d'une possible différence où tout recommencer...

... " Il est a vous le parapluie ?"

Un visage d' homme devant moi me montre un objet sombre, petit avec une poignée en forme de canne de vieux comme dans les films policiers à l'ancienne. Il est assis en face de moi.

Dehors, c'est un entre-deux-mondes, il ne fait ni nuit ni jour. Je suis dans le 67, assise aussi. Il y a des usagers autour de moi, subitement l'appareil auditif fonctionne : les gens bourdonnent. Je ne vois que des mains, des fesses, des sacs à mains, de courses, pas d'enfants dans ma ligne de vision. Je dirige mes yeux vers le haut et reconnais des visages familiers, des habitués de l'horaire, je sais donc : il est grosso-modo 21h15. Je finis à la boutique à 20h30 donc le temps de remonter le boulevard, qui me fait éternuer, à pieds pour prendre mon bus ... C'est ça. [ A cause des mitons qui retombent des arbres.]

L' homme et son parapluie qui n'est vraisemblablement pas à lui me dit : " Je vais le donner au conducteur." Je le vois ainsi remonter le cortège puis presque disparaître vers l'avant. Même si parfois c'est blindé dans le bus, je préfère. Surtout si j'arrive à me caler assise, le long de la vitre. Je peux soit profiter de l'intérieur ou du paysage extérieur qui n'est jamais le même d'un jour à l'autre. Il y a les travaux, la circulation un jour fluide, un jour dense. Le conducteur qui nous fait descendre aux portes de la ville, rassurant ses passagers et sans plus d'explication : " Il y a un bus juste derrière."

Les changements de parcours aussi. C'est comme être sur un manège et voir un décor tourner.

Je sens le bus peiner, je suis presque arrivée : c'est la montée de côte, le long de l'église qui ressemble à celles des petites villes de province. Plus il y a de monde, plus le bus fait de soubresauts.

Je sors, ça sent l'air frais, la végétation et ce ne sont pas mes mains qui ont "épluché" toute la journée le gros arrivage de fleurs et feuillages coupés.

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