Parole d'amour

Sur la ride bavarde

Glisserait le bonheur

A petits pas divins

Le lilas fleurirait

Dans le plus froid hiver

Si on savait aimer.

On serait cet enfant

Au regard sémaphore

Au bleu de mer calmée

Qui refuse son large

Pour mieux apprivoiser

Ses vagues indigènes.

Si on savait oser

Offrir tous ces « je t'aime »

Sur l'autel de nos corps

Assoiffés de soleil

Qui se pose matin

Sur la rosée du cœur

Bijou ensorceleur.

Si on pouvait écrire

Tous ces mots à l'envers

Qui tournoient en manège

Au creux de nos désirs,

Comme aux premiers amours,

Ils rempliraient la page

En un tracé d'alcôve.

Romance à quatre mains

Sur croches indociles,

Pizzicati fleuris

A la portée de nous,

Sonates interdites

De bémols tentateurs.

Il faudrait les redire

Tous ces mots envolés,

Murés à l'interdit.

Si on savait aimer,

Le temps ce sortilège

D'un regret imposteur

Reprendrait ses éclats

En fusion généreuse,

Dans les bras dénoués

De toute leur pudeur.

D'une éclosion magique,

Le printemps imposé

Reprendrait ses bourgeons

A l'hiver chapardeur

Et, la paupière humide

S'habillerait de feu

A l'âtre retrouvé

Dans le brûlot du cœur.

Si on savait confiant

S'abandonner à l'heure

Oubliant sa cognée,

Les secondes fidèles

Sur l'horloge joueuse

Auraient le temps patient

Du bonheur éternel.