PORTRAITS DE BITES EN FLEURS

L'exposition ne me semble pas immense et l'accrochage un peu sommaire dans deux grandes allées murales. Mapplethorpe le dit lui-même, il aurait été sculpteur s'il avait vécu 200 ans avant notre époque et ça se voit. Les premiers clichés sont magnifiques de pureté, non sans nous rappeler les sculptures antiques. Photos de corps ou de bouts de corps de femmes et d'hommes. Plutôt des hommes d'ailleurs, noirs, à une époque où le racisme était encore très présent aux Etats-Unis. Certains portraits offrent des peaux aux reflets métalliques s'ajoutant à des positions qui les statufient. Mapplethorpe aime les hommes mais surtout les formes et les courbes. On remarque que la plupart des portraits sont sur fonds blancs mettant ainsi l'accent sur le sujet uniquement, rendant ainsi sans perte toute l'intensité d'un regard ou d'un geste. On y trouve des stars, des inconnus, Patti Smith, sous toutes sortes de formats.

Mapplethorpe saisit l'instant présent mais aussi les sexes. Une pièce entière leur est consacrée avec une entrée à la Peep-Show. A mon sens le ressenti dépend de votre orientation sexuelle. On y voit de sacrés braquemarts, un peu de S.M homo avec des mecs de pas possible. Suis vite passé, mais vu l'odeur de transpiration j'imagine que certains ont vraiment été…émus. Le sexe comme une fleur. Les fleurs, autre sujet de prédilection du photographe, photos qu'il aimait tout particulièrement. Evidemment splendides, ces clichés tendent souvent vers le phallique, on ressent formes et matières pleinement. La religion est peu abordée (Sujet majeur dans le travail de l'artiste) au travers de quelques clichés qui nous apprennent que Mapplethorpe considère beaucoup de ses mises en scène comme de mini autels, héritages d'une  éducation suivie chez les religieux. Un sentiment étrange me parcours au sortir de l'exposition. Les tirages ont vieilli, Mapplethorpe aussi donnant l'impression d'être suranné. Précurseur à son époque, initiateur d'un genre photographique, l'artiste passera-t-il l'épreuve du temps ? Sans doute, comme un photographe engagé, talentueux, provocateur, témoin de son temps, défenseur de la cause homo. Mais les choses ont changé, les mœurs ont évolué,  les provocations aussi. Son style et ses sujets tellement pompés par les artistes de la génération suivante font qu'à mon humble avis son travail fait partie du temps de l'histoire mais plus du temps présent.

CHRISTOPHE PARIS