POUR L'éTERNITé, MAIS PAS PLUS...

Dina Mann

POUR L'ETERNITE, MAIS PAS PLUS... - synopsis -

Domi a assisté au meurtre du PDG de la grande entreprise dans laquelle elle travaillait ce soir-là. Ne pouvant réprimer un cri elle prend la fuite, seulement voilà : l’assassin l’a vue et il n’est pas du genre commode. L’héroïne est désormais en cavale.

 

Elevée par Paula, sa mère de cœur ancienne prostituée, Domi est une femme libre et indépendante. Georges le pensionnaire allumé, Cathy la pyromane des états d’âmes, La Colonel à la mémoire tonkinoise et puis tous les autres que l’on croise au détour d’une nuit peuplent son univers… jusqu’à Nora.

 

Nora, ses cigarettes, son regard trop grand et sa panoplie de quasi sourires. Nora la transsexuelle mystérieuse, idéal féminin aux saveurs d’inaccessible. Domi succombe. Mais Nora n’est pas seule. Ugo, son frère jumeau mutique et asocial s’avère être un double particulièrement encombrant. D'autant que tous deux appartiennent à Carlos, mafieux notoire qui compte bien garder la main mise sur sa belle, tout en continuant à dégommer quiconque encombrerait sa vision des choses.

 

Si Domi trouve enfin l’Amour ce n’est pas sans quelques cadavres dans les coins ni sans essuyer les foudres d’un Carlos possessif et enragé, dont elle finira par comprendre qu’il est celui qu’elle fuit depuis la nuit du meurtre.

 

« Pour l'éternité, mais pas plus... » est une histoire de cœur pas comme les autres sur fond de course contre la montre. L'histoire commence au moment où Carlos s’apprête à éliminer Domi. Au rythme haletant de son cœur qui bat la chamade, l'héroïne voit sa vie défiler en quelques fractions de seconde : ses souvenirs d'enfance, ses bons moments avec les amies, ses parties de jambes en l'air, ses amours et ses emmerdes… forcément.

POUR L'ETERNITE, MAIS PAS PLUS... - début du roman -

 

1 - Requiem

 

Quand la balle atteindra ma gueule, je serai morte.

Elle a peu de chances de me rater : le canon est à moins d’un mètre, court, large, et la main de l’autre côté ne tremble pas, parce que l’enfoiré à qui elle appartient rêve depuis trop longtemps de cet instant. Alors il va appuyer sur la gâchette et ce sera la fin.

Ma fin.

Je n’entends même pas ses insultes. J’écoute le bruit des vagues derrière la dune. Si je tourne légèrement la tête, j’aperçois l’horizon d’un bleu généreux, souligné par le jaune rieur du sable. Je peux même sentir l’odeur chaude et salée, cette odeur d’ailleurs qui efface le goût de sang dans ma bouche.

Alors l’autre con peut bien s’égosiller, je suis heureuse. J’attends sa putain de balle. Et si je ferme les yeux je pourrai presque les oublier tous les deux.

On dit qu’on revoit toute sa vie défiler en quelques secondes juste avant de sombrer. Moi j’ai l’éternité devant moi. Et dans cette éternité, je ne vois que Nora.

Les yeux de Nora ont la couleur d’un soir d’été quand le soleil se glisse à l’horizon comme une promesse de douceur après la brûlure. Ils peuvent s’assombrir sous une menace d’orage, dorer avec malice ou rester d’une limpidité presque douloureuse, mais ils ne trichent pas. Ils rendent toute la profondeur des paysages qu’ils dessinent et quand ils vous accueillent, on se sent transporté dans des dimensions inespérées comme un voyageur toujours émerveillé.

Moi, je ne veux pas d’autres paysages, pas d’autres voyages. Quand j’ai plongé dans son regard, j’ai su qu’elle était mon unique destination.

Évidemment tout ça peut vous paraître de la littérature, le genre de grand lyrisme que provoquent les moments désespérés. Pourtant, même si tout mon avenir tient dans un petit morceau de plomb qui va noyer mes rêves dans une purée de cervelle, je ne regrette rien.

Parce qu’il y a des regards beaux comme un baisser de rideaux.

Je ne sais plus comment tout ça a commencé...

Peut-être il y a plus de vingt ans, quand une instit du primaire m’a surprise dans les toilettes avec la belle Judith. Je me souviens que Judith avait de bonnes joues bien rondes et des fesses douces comme du coton.

― Ça ne se fait pas, avait beuglé la maîtresse, c’est sale !

Paula, à qui on ne la fait pas question histoires de fesses, avait un peu nuancé la chose en précisant que si « ça ne se fait pas » à notre âge et dans ces conditions, par contre rien n’est sale en matière d’amour. J’ai donc grandi en rêvant d’une Judith bien à moi et en me méfiant des donneurs de leçons.

Paula, ma bonne Paula. La vie n’aurait pu me donner de meilleure mère.

J’ai débarqué dans la sienne un soir d’hiver où le client se faisait rare. Avec sa pote Chantal, elle claquait du talon sur le boulevard et ça résonnait bien sinistrement. Les types passaient dans leur bagnole surchauffée, c’était pas un temps à sortir Popaul.

Je crois que c’est Chantal qui a vu la gosse en premier, avec les années l’histoire est devenue notre légende et les détails se perdaient dans les trémolos, enfin ce qui est sûr c’est qu’elle était pas bien vieille, la môme, maigre et pâle comme une camée mais avec un ventre prêt à livrer son cadeau. Bien sûr, elle voulait pas entendre parler de toubib, et encore moins d’hôpital, alors Paula l’a ramenée dans sa turne, parce que c’était quand même pas un monde !

Ma Paula a toute une panoplie d’expressions bien fleuries, pour embellir les circonstances, et il en fallait pour raconter la suite : un accouchement comme on n'en souhaiterait même pas à la mère du Diable et, dans son affreuse agonie, la dernière prière de la gosse. Paula a promis, a juré même avant de lui fermer les yeux. C’était surtout pour que la pauvre parte en paix, parce que de toutes façons, elle m’a aimée dès mon premier cri, ma Paula. J’étais son cadeau du ciel, après les années de galère, la douleur d’un ventre saccagé par une avorteuse, les illusions échouées sur un coin de bitume. Alors elle a payé l’enterrement de son « ange sacrifié » et nous a construit une nouvelle vie.

Même « à la sueur de ses fesses » c’était une belle vie d’amour, car elle voulait le meilleur pour nous deux. A force d’économies, elle a donc raccroché ses jarretières Prisunic, et acheté un vieil hôtel pour se reconvertir dans la pension de famille. Le petit café « Chez Paula » recevait des anciens fidèles restés des amis, la pension accueillait des paumés qui trouvaient là un havre et se débrouillaient toujours pour payer leur part. Paula est vite devenue une figure du quartier et moi, sa fille, j’y ai été élevée selon ses principes d’amour, de confiance, de respect, plus quelques petits trucs toujours utiles dans la vie mais qui ne dérogent pas à sa morale « délestée de bondieuseries et gnangnan pour coincés de la fiole ».

Paula, elle a aussi toujours su lire dans mes silences. Elle ne m’a jamais jugée, entre nous c’est rien que de l’amour. J’aurais voulu pouvoir lui dire « je t’aime » juste une dernière fois...

Oui, même si elle a plutôt mal démarré, cette vie-là c’était encore du bonheur.

Les portes de l’enfer se sont vraiment ouvertes le jour où j’ai croisé le regard de cet enfoiré.

  

2 - Variations de tempo

C’était pourtant une bonne journée, j’avais passé un sacré moment au lit avec Cathy.

Ça faisait déjà quelques mois qu’on se voyait régulièrement, quand son mari partait « en tournée », ce qui dans son cas signifiait autant vendre des climatiseurs que rafraîchir ces dames échauffées par son physique de latino. Ça m’enlevait mes états d’âmes, de toutes façons Cathy a toujours eu un truc spécial pour soulager les états d’âmes.

― Y en a qui font du crochet en attendant Monsieur, moi je préfère baiser.

Le terme explicitait parfaitement l’ardeur joyeuse, presque naïve même, qu’elle mettait à cette activité.

Nous baisions donc avec frénésie, sans perdre de temps à disserter sentiments, et ça m’allait très bien.

Le scénario ne variait guère : elle m’appelait pour un dépannage d’urgence et j’accourais avec mon sourire du moment, ça le faisait bien.

Cathy me recevait dans des tenues qui mettaient en valeur au choix, selon son humeur, ses hanches bien arrondies, ses fesses pleines et mutines, son petit ventre frémissant ou sa chatte soigneusement épilée. Elle savait trouver l’attitude appropriée que je percevais comme un appel assourdissant. Nous nous épargnions les politesses pour succomber à l’urgence.

Ça fait bizarre de parler de tout ça au passé. Merde, j’ai rien de la veille routière qui jette un regard nostalgique sur ses plus belles virées...

Bref, en la quittant, j’avais repris mon Transit direction la zone industrielle. Je sifflotais gaiement en écoutant un vieil Eurythmics, genre euphorie post- coïtum. La vie était une bonne vieille copine avec qui je m’en payais une sacrée tranche.

J’avais un contrat avec une entreprise pour quelques heures de ménages dans les bureaux en soirée, plus petit bricolage si nécessaire. C’était une bonne planque payée réglo le premier de chaque mois, simple et efficace. J’ai toujours aimé bosser la nuit pour éviter les embouteillages et les collègues agglutinés à la machine à café, je ne suis pas du genre commérage au taf.

Ce soir-là les lumières de l’étage étaient restées allumées. Le patron finissait souvent tard, alors je ne me suis pas affolée. J’ai commencé par jouer de l’aspirateur dans le hall d’entrée, puis j’ai astiqué l’ascenseur avant de secouer le plumeau dans les escaliers. La routine, quoi.

A l’étage, j’ai attaqué le couloir par l’autre bout, c'est-à-dire le bureau des comptables, du DRH puis de la secrétaire de direction. Des voix me parvenaient de chez le boss, il se la jouait prolongations en équipe, à moins qu’il n’ait choisi cette heure tardive pour engueuler un de ses sous-fifres, quoi qu’il en soit ça chauffait dur.

Mais quand je suis entrée dans la salle de réunions, j’ai compris qu’il y avait un bug.

C’était le patron qui se faisait engueuler, et dans des termes qui ne collaient pas vraiment avec le mobilier design, ni les consignes de savoir-vivre en collectivité accrochées un peu partout.

― T’as voulu me baiser mais t’as pas les burnes pour ça, beuglait le marlou. Je veux mon pognon et fissa !

― Allons, ne vous énervez pas, on peut trouver une solution, disait le PDG.

Pas difficile de répartir les rôles.

Peu inspirée par une place de figurante, je glissais mon chiffon en sourdine sur le mobilier. Avec un peu de chance, j’espérais pouvoir filer incognito dans le couloir sans demander d’autographe. Tant pis pour les poubelles. Mais bien sûr ça ne s’est pas du tout passé comme ça.

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