Pour une étoile

Iris Mink

Sa chambre était petite et sombre. Elle avait décorée les murs carmins avec une minutie grisante. Les vieilles cartes postales du père, puisaient dans son univers suave une seconde jeunesse. Lui, avait parcouru le monde, mais c'était elle qui connaissait le mieux les longues étendue de sable de Pétra, et les notes acidulées de Positano. Et c'était des dizaines de paysages qui se rencontraient dans cette pièce qui n'avait qu'une fenêtre. Elles étaient à Mireilla, ce que les nuages sont à la colombe. Prisonnière de la tourbe et des plaines sales, elle avait reconstituées avec peine, un monde rempli de couleurs et de saveurs. Le visage ridé d'une gitane russe, se posait sur l'impassible New york, au loin rugissaient les chutes du Niagara.  Un temple hindou, Bali, les épices de Marrakech, Cuzco et ses lamas, la Bavière, Cannes, la Costa-de-luz, les terres de feu. Des centaines de soleil, de fleuves et de mirages, tous semblables tous uniques, mêlaient leurs parfums au sein de cette même coupe. C'était un musée, une galerie immense et sans fin, de ce qui restait de la beauté d'un monde malade. Des coquillages où soufflaient encore le vent iodé des océans, étaient entassés sur un commode de pin. Des pierres taillées, des améthystes  et une longue flûte de pan débordaient d'un tiroir. Un globe,magistral, occupaient le haut de l'armoire qui craquait sous les babioles. C'était des foulards de bédouin, des saris, des kimonos azur et jade. Au plafond, elle avait collé des milliers d'étoiles fluorescentes qui, la nuit, recréaient un peu les routes de voyages qu'elle n'avait jamais empruntées. Un soir, où la nuit était si noire, parmi ses prières, une de ces étoiles tomba. Dans un froissement de silence elle se posa sur le front de Mireilla. Juste entre ses deux sourcils blonds.  D'une main tremblante elle saisissa la petite étoile laiteuse. Cela ne pouvait être q'un signe, une réponse de ces lieux où seul les oubliés vont. Ce n'était pas une simple étoile de plastique, elle n'était pas un simple tas de cellules. Il ne pouvait y avoir qu'autre chose. Un don, un trésor, quelque part, au fond d'elle. Il ne lui restait plus qu'à le trouver. 

Je ne sais plus si elle déterra quelques pépites d'or de ses entrailles osseuses. Mais un mois après les vendanges elle sauta de son petit toit de tuiles. Comme ça. Les pigeons s'envolèrent en désordre et les chiens aboyaient. 

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