Prendre mes jambes à ton cou

Je me doutais bien de cette retenue. Celle au moins aussi spectaculaire que celle d'une écluse. Je crois que les boomerangs printaniers, les mêmes que l'an passé qui avaient niché dans ta grange le savaient eux aussi, tu retenais tout même la date de passage de leurs signes avant-coureurs. Je les appelais boomerangs parce qu'elles revenaient toujours et selon le dicton l'hirondelle faisait le printemps. Toi, en bon observateur, tu guettais le jour qui rallonge, l'herbe frémissante et les jupes des filles. Moi je ne faisais que te humer de loin et j'attendais sur le parvis de ma cathédrale que tu me sonnes les cloches. Ça faisait tout un tas de manifestations ludiques, mes petits pieds dodelinaient sous les couleurs rosées et mes jambes s'affinaient au fur et à mesure des séances de piscine, chacun de mes printemps battait ton métronome. C'est l'année de tes soixante-dix ans que tu me parus le plus beau, tes cheveux maintenant exclusivement blancs volaient sous ton béret et tes yeux s'accommodaient au soleil installé. Tu es venu sonner à ma porte et tu m'as dit des bêtises sexuelles comme depuis toujours j'ai souri et j'ai ramené mon cul sous la véranda. Il pleuvait des lilas et mes yeux avaient récré, tu m'as pris le bras et m'a pincé les fesses.

—      Tu ramollis de la croupe, jolie vilaine

Ma croupe et moi n'avons jamais été aussi heureuses que ce printemps-là.