Quand le sommeil s'emmêle

ysabelle

Quand Isabelle dort…
Plus rien ne bouge…
Vinyle usé, griffé, dites 33.
Photo de petite fille abandonnée dans des draps blancs.
Temps d’innocence.
Il me manquait l’audace.

Et l’heure m’est devenue plus précieuse de nuit que de jour.
Plus insidieuse, plus pernicieuse aussi.
Les quatre saisons de ma vie nocturne.
A votre imagination de trouver l’association.

De ces soirées solitaires et douces, mélancoliques ou euphoriques où la plongée dans un livre, l’immersion dans les images floues et les idées confuses vous promènent le long des quais.
Quelque musique, ensemble de notes et de voix qui vous dissolvent et vous font appartenir à l’espace. Impalpable, insondable insomnie qui vous accompagne pour faire un bout de chemin et vous offre de l’espoir dans l’ombre.
Mais que faire de ces minutes creuses, de ces secondes accablantes qui vous assaillent, prennent votre esprit en tenaille. Lorsque les émotions se font trop violentes, persistantes et vous broient les entrailles. Fixation sur les chiffres rouges qui se réverbèrent dans le miroir pour mieux se faire endurer. Pas de répit. Martellement continu de la lucidité. Cruauté de l’esprit terre à terre. Chaos infernal.
Instants rares, trésors à mettre en poche. Lorsque le soir se tapisse d’or et de lumière. Lorsque le corps se fait humide, qu’il s’enchaîne à l’autre moiteur. Qu’il reste la caresse d’un voisin de chaleur, qu’il se fait refuge. Lassitude légère, éveil des sens et sens dessus dessous, les yeux se ferment, apaisés.
Reste l’hibernation, cette lourdeur de cœur, la fuite, l’oubli, la profondeur d’un esprit exténué. Un zapping imprévu, un refus. Un froid qui étouffe, la vie qui ralenti et se fait murmure. Un éveil qui se fait dans l’angoisse et l’attente. Encore dormir, défaite, abdication.

Lune dans l’autre (je sais j’abuse), l’autre se fait soleil.
Je vis la tête dans les étoiles.


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