Randonnée.

Je vous l'ai déjà dit, j'ai des problèmes d'autonomie urinaire.

Je vous l'ai déjà dit, j'ai eu une enfance rurale, campagnarde plutôt, car les rues dans mon hameau, (« Pernesiau » 39 âmes dont presque la moitié en résidences secondaires parisiennes d'été, 15 chiens, 27 chats au dernier recensement de 1980) n'étaient que des chemins de terre.

Donc, ceci pour dire que je m'arrête souvent pour pratiquer la miction… d'accord, pour pisser, si vous préférez ! Or, un jour où je m'enfonçais légèrement dans la forêt pour préserver mon intimité des regards inquisiteurs, je m'écriai :

-         La vache ! un troupeau de girolles !

Pour ceux qui n'ont pas gardé les cochons avec moi, à la cambrousse, les girolles ne sont pas des vaches charolaises, mais des champignons comestibles si on respecte bien les dates sur l'emballage et délicieux si on les cuit avant.

Donc, voici tous mes vieux jetons à attraper des tours de reins à « tourlarigot » pour cueillir les champignons, car les heures étaient passées pour compter encore fleurettes en forêt.

Comme, nous n'avions pas prévu de panier de cueillette en osier, mais quelle négligence, aussi ! On mit notre récolte dans des sacs en plastique. Ce qui est formellement interdit par la fédération des cueilleurs-marcheurs en sous-bois.

Ces arrêts intempestifs, retardèrent notre moyenne, mais soulagea ma vessie à l'envie. Si bien qu'épuisés, les reins en compote, les jambes en blanquette de veau, nous arrivâmes à bon bord avec autant de champignons dans nos sacs que d'ampoules dans nos chaussures. On se répartit la recette équitablement, chacun son sac, en y allant sur la meilleure façon de les préparer et de les cuisiner.

En rentrant chez nous, comme il était encore assez tôt dans l'après-midi, je dis à ma femme que j'avais assez de temps pour aller faire un billard chez mon pote. Elle le prit assez mal !

« Et les champignons ! C'est moi qui vais les faire, toute seule, peut-être ? » Me dit-elle, la coquine.

Les champignons depuis le temps qu'ils macéraient dans leur capote de silicone, ils devaient commencer à avoir chaud au cul. Ceci dit, je n'aurais pas dû lui répondre !

-         Ecoute, tu n'as qu'à les jeter tes champignons de merde !

Puis, je sortis.

Le lendemain, je jetais les champignons au compost. Voilà, fin de l'histoire !

Non, pas exactement, car une semaine plus tard, nous apprenions par courriel que tout le groupe de rando était mort, empoisonné par des champignons sauvages et létaux. Eh, je n'étais, seulement, qu'un parigot apprenti paysan et la girolle, jaune-crème, se confond facilement avec l'amanite tue-mouches, rouge à points blancs.

Les couples n'avaient pas dû avoir la chance de s'engueuler ! Fin de l'histoire, cette fois, c'est vrai ! (Pour la fin, seulement, pas pour l'histoire, bien sûr ! Qui aurait pu se titrer : « Mortelle randonnée », mais je ne voulais pas éventer la chute.)