Remerciements à ces gens là

damephoenix

Réflexion sur ces quelques belles âmes qui transcendent sans s'en rendre compte [21.07.2017]

Récemment, une belle âme m'a demandé à demi-mots ce qui pouvait me toucher chez elle. J'ai eu beau prendre le temps de la réflexion, je n'ai pas su quoi répondre.


Puis aujourd'hui, texte lisant, cela m'apparut comme une évidence. Une simple et magnifique évidence.


Je suis une rêveuse très cartésienne. Comme pour beaucoup d'aspects je joues les équilibristes entre deux notions, ne souhaitant pas être enfermée ad vitam eternam dans l'une de ces deux cages. Mais je digresse.


Il y a parmis les gens que j'ai la chance de croiser, parfois même de connaître, quelques raretés, quelques exceptions, qui, sans que je n'arrive jusqu'ici à savoir pourquoi, ont éveillé en moi un élan de tendresse, une curiosité vive, une intriguante envie de poser des questions. Ils m'émerveillent, ces gens là. Ils me font verser des larmes de grâce, ces gens là. Ils me rendent fière d'avoir la chance de les côtoyer.


Et aussi illégitime d'avoir cette chance, moi qui ne fait que tenter de retrouver un peu de consistance dans une coquille devenue parfois un peu trop vide. Si j'ai un monde intérieur aussi riche que les elucubrations d'un Tolkien, d'un Lovecraft, et d'un Hieronymus Bosch réunis (néanmoins je précise que mon monde intérieur est loin d'avoir leurs talents) mon être se sent vide dans le monde réel, chétif, dénué de sens et d'atouts pour s'ancrer...


Intérieurement je me sens chaman transcendée par les émotions que vous m'envoyez. Extérieurement je me sens farouche acculée par les ressentiments dont vous m'accablez.


Et ces gens là, cette poignée de personnes qui me troublent d'une douce façon, qui sont ils ?


J'ai enfin trouvé l'explication. Ils ont l'art de parfaire les émotions, de purifier les horreurs en joyaux bienveillants. Ils transcendent la douleur en quelque chose de beau. D'une plume ou d'une bouche ils font d'une réalité suintant le béton et le fade un monde de miracles, de vie et de mouvement.


J'aurai pu dire d'eux qu'ils sont des enchanteurs, ou mieux encore : des Alchimistes de la vie.


Avoir le pouvoir de changer la douleur d'un vécu en tendresse pour son prochain, c'est un don extraordinaire que peu d'entre nous avons. Et je suis troublée, touchée, bouleversée lorsque j'ai la chance de croiser l'un de ces alchimistes de génie. D'autant plus troublée par la bonté et l'humilité dont ils sont habités, ne se rendant même pas compte du pouvoir qu'ils ont. Ce pouvoir n'arrive jamais par hasard. Pour être Alchimiste, il faut chercher la lumière. Et pour vouloir la lumière, il faut avoir expérimenté l'obscur et l'obscurantisme d'un monde aussi aseptisé que gangrené par la folie des grandeurs.


Les quelques Alchimistes que j'ai la chance de connaître ont vécu l'Enfer et ont eu le courage d'arracher leurs œillères. Pénétrer l'antre du Lapin Blanc et voir la vérité en face. Je n'ai pas ce courage. Donc je suis toujours admirative de ces gens qui non seulement affrontent le monde loin des mirages et des illusions, mais qui arrivent tout en ayant conscience de la laideur de l'humanité, à persister dans cette foi en l'être humain, et à sublimer leur chagrin, leur douleur ou leur colère en une lumineuse bienveillance. L'altruisme à son paroxysme. L'humanité dans sa plus belle lumière.


Et vous ? Avez-vous déjà eu la chance de croiser des Alchimistes ? Ceux qui transforment les larmes de chagrin en larmes de grâce. Ceux qui transcendent la laideur de l'humanité en une magnifique promesse d'humanisme ?


Si je croyais en Dieu, je le remercierai chaque jour de m'avoir permis de compter parmi mes proches des Alchimistes, précieuses reliques survivantes d'un monde d'espoirs gâchés. Ils sont la sève du monde.


Merci à chacune de ces belles âmes de paver le monde de leur force et de leur lumière, aussi sombres qu'elles puissent se penser.

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