Rétropédalage

Pourquoi mon aversion pour les Américains ? J'écris « mon » mais « notre » serait également juste. C'est un fait que la France ne porte pas les Ricains dans son cœur. Hormis les incultes pour qui les States se résument à McDo, Elvis Presley ou Mickey Mouse.

Eh bien voilà, la réponse est dans mon interrogation. Je ne peux m'empêcher de penser que seule l'inculture alimente le quotidien états-unien. Comment en serait-il autrement alors qu'une infime minorité de ces crétins est en mesure de pointer sur une carte notre beau et grand pays, patrie des Lumières, du luxe et berceau du cinématographe ? Comment 315 millions de Yankees, accoutrés de leur affligeant Stenton peuvent-ils se persuader que nous en sommes encore réduits à aller chercher notre baguette, un béret vissé sur le crâne ? C'est vite oublier que nous sommes bien souvent à la pointe de la technologie, le Minitel ou le TGV par exemple. Pour le fil à couper le beurre, je dois vérifier.

Il est vrai que de leur côté, ils ne font pas beaucoup d'efforts pour nous comprendre. Il n'y a qu'à les écouter quand ils débarquent chez nous. Ils sont faciles à repérer, ils sont tous obèses. Combien d'entre eux s'essaieraient à parler notre belle langue ? Il est vrai qu'ils manquent sans doute de subtilité pour appréhender toute la richesse de notre vocabulaire. Et vu qu'ils n'auront jamais la curiosité de sortir des sentiers battus pour découvrir la richesse de notre terroir, Pigalle, Lido ou Tour Eiffel leurs suffiront pour arpenter ce qu'ils pensent être « La Freeenssse ».

Remarquez, je peux comprendre. Quand on imagine que les Bill Gates, les Steeve Jobs ou les Mark Zuckerberg ont construit des empires sans un diplôme en poche. Imagineriez-vous une de nos prestigieuses multinationales dirigée autrement que par un polytechnicien ou un énarque, ces élites  nourries aux mamelles républicaines de nos sommités universitaires ? Sachez que La Sorbonne fut créée en 1253, que l'école de médecine de Montpellier est attestée dès 1150. C'est dire l'avance de savoir et de sagesse face à Harvard fondée en 1636, à Yale en 1701 ou à Princeton en 1746.

N'oublions pas non plus leur ingratitude. Sous prétexte d'avoir rendu la monnaie de la pièce à Lafayette en 1917 et en 1944, ils n'ont de cesse depuis lors de chercher à nous avilir avec des procédés tout à fait scandaleux. Sous couvert de termes aussi barbares que marketing, management ou block-buster, ils détruisent méthodiquement les valeurs et les savoir-faire séculaires de notre patrie. Ils en sont même arrivés à se convaincre que nos camemberts au lait cru étaient un danger face à leur bouffe aseptisée et bourrée d'OGM !

Pour moi, c'est clair. Ce n'est que le fruit de leur frustration du paradis perdu. Ils sont envieux du Vieil Incontinent. Le Grand Satan se venge par les moyens les plus vils. Mais, le plus effrayant dans tout cela, c'est de m'imaginer bien seul. Ils ont si bien entamé leur travail de sape que toute l'objectivité et la pertinence de mes arguments n'auront que peu de poids face à leur armée de petites mains employées par le biais des réseaux sociaux à me discréditer sous prétexte de théorie du complot.

Heureusement, la France résiste. J'ai lu que les espadrilles faisaient un retour en force et s'exportent désormais par dizaines. L'exception culturelle est défendue bec et ongles pour satisfaire les quelques rares non-crétins d'Outre-Atlantique qui auront la joie et le bon goût de visionner un Godard (Un Suisse, ok, mais bon francophone), et notre président honore notre tradition de défense des opprimés en décidant avec courage et abnégation d'envoyer notre troupes au Mali et en République Centrafricaine contre vents et marées.

C'est pour tout cela que j'aime la France. J'en suis le pur produit. Malgré toutes les vicissitudes de la mondialisation, je reste intimement persuadé qu'il ne peut en être autrement, nous les fiers descendants des chevaliers d'Azincourt. Il en sera toujours ainsi. Nous sommes les garants d'une certaine idée de la tradition. Et tant pis pour les Ricains qui ne comprendront jamais toute la finesse de notre esprit national.