RIEN

Il ne se passe RIEN.

Par exemple : vous êtes à votre fenêtre à regarder la rue. Rien ne bouge. Pas un piéton qui se pète la gueule, pas une trotinette qui le percute, pas une bagnole qui roule sur l'ensemble. Rien et on s'fait chier !

Qu'en dire ? Déjà, on sait qu'on ne va pas s'éterniser.

Bon, du RIEN, c'est déjà quelque chose, puisqu'il a un nom.

Je sais, c'est maigre, mais il faut bien trouver un truc à écrire. Vous êtes bons, vous ?

Certes, le néant a un nom, aussi, et c'n'est pas grand-chose, non plus.

Cependant, le néant est supérieur au RIEN. Il est plus ambitieux, il vise plus haut. Il a une portée ontologique. Alors que le RIEN se réfère au quotidien au domestique , à l'ordinaire, à l'insignifiant. Il a une portée du panier de la ménagère.

Pourtant, le néant est constitué de RIENS, c'est même sa matière vitale. Donc, le RIEN, ce n'est pas rien. (CQFD)

En fait, pour être honnête et pour l'écriture aussi, le RIEN est simplement un manque d'idée. Une page blanche dans le cerveau, un tableau même pas commencé, une banquise sous un ciel neigeux. Les exemples ne manquent pas.

Bref, si vous persévérez à vouloir écrire sans idée, il faut faire, comme moi, parler pour ne rien dire en brodant avec des bouts de RIEN. Et en opposant le néant au RIEN dans une guerre fratricide. Ca ne fait, peut-être, pas beaucoup de morts, mais ça fait des lignes.