Satisfaisons notre égo

jennitiger

Facebook ? Un simple site ? Une simple application ? Ou un mode de vie ? Sommes-nous réellement amis ? Non. Nous nous trompons. Les vrais amis n’existent plus depuis 2004. Depuis Facebook.

« Tu es mon ami, tu sais ».

« T'es un vrai pote, toi, au moins ».

« Je t'aime bien ».

« Je te connais, ne t'inquiète pas ».

Non, non et non. Et encore non. Je ne suis pas votre ami, vous ne connaissez rien de ma vie et, non, vous ne m'aimez pas vraiment. Vous n'aimez qu'une facette de moi-même. Vous n'aimez qu'un fil d'actualité et des photos.

Nous ne sommes pas amis. Vous vous fourvoyez. Les vrais amis n'existent plus depuis 2004. Depuis Facebook.

Facebook, cette application qualifiée de « géniale », de « magique », dans « l'ère de notre temps » n'est rien de tout cela. Facebook n'est qu'une glu qui fixe les gens, une colle plus que résistante qui est, en même temps, un aimant à « amis ».

En créant Facebook en 2004, Mark Zuckerberg avait cet unique but en tête : que les gens puissent rester en contact avec les personnes qui comptent dans leur vie. Initialement réservé aux étudiants de l'université Harvard puis aux étudiants d'autres universités américaines fortunées, Facebook s'est popularisé et est arrivé sur la scène mondiale en 2006. Près d'1, 39 milliards de personnes ont un compte Facebook aujourd'hui. Environ une personne sur cinq, vous rendez-vous compte ? Tout le monde connaît Facebook. Et tout le monde l'adore et l'utilise.

Une seule application a changé la signification du mot « ami ». Désormais, d'un simple clic, nous pouvons être l'ami d'un parfait inconnu, de la sœur du cousin de l'oncle de la tante du frère du beau-père, nous pouvons même « dialoguer » avec des célébrités et montrer notre attachement à des personnes, des photos, des vidéos d'un simple « like » (« j'aime »).

Facebook a rendu les gens égocentriques. Désormais, nous ne prenons plus de photos pour remplir l'album familial mais pour les poster sur notre compte Facebook. Nous souhaitons à tout prix recueillir le plus de « likes » possibles et de commentaires gratifiants. Qui n'a jamais souhaité atteindre les 1000 « likes » ? Regardez, jetez un coup d'œil sur votre fil d'actualité et voyez la phrase qui revient le plus souvent : « combien de j'aimes pour… » ? Aimer devient une affaire de clic. Rien n'est plus simple : on allume notre téléphone ou notre ordinateur (Facebook est partout !), on se connecte et on regarde ce que l'on appelle le « mur ». Pourquoi avoir appelé le fil d'actualité « le mur » ? Mark Zuckerberg souhaitait-il nous transmettre un message subliminal ? « Vous parlez à un mur, un mur numérique, où tout le monde peut dessiner ses graffitis et ses œuvres d'art, écrire des versets de la Bible ou des obscénités. Un mur que de parfaits inconnus pourront lire rien qu'en passant devant » nous clame-t-il mais, soit nous sommes sourds pour l'écouter, soit nous préférons ne rien entendre. Oui, c'est cela, Facebook est un mur froid et sale, rempli de choses inutiles et dénuées de tout intérêt. Mais, malgré tout cela, on s'attache tout de même à y inscrire son « petit mot personnel, sa marque », pour faire « comme tout le monde » parce que c'est « la mode ».

Un mur est un mur. Lisez-vous les graffitis écrits sur les murs ? Si oui, y prêtez-vous vraiment attention ? Non, vous le lisez et l'oubliez. Vous mettez un « like » lorsque cela vous a plu. Non, même pas. Vous mettez un « like » pour faire plaisir à votre ami, votre copine, votre parent. Mais vous n'aimez pas vraiment. Avouez-le, vous « likez » même sans regarder. Lorsque vous voyez écrit « monsieur X a changé sa photo de profil » sur le fil d'actualité, vous « likez » car, après tout, il est votre ami.

Ami ? Non, pas vraiment, il est seulement dans votre liste de contacts, votre liste « d'amis ». Mais, au fait, combien avez-vous d'amis sur Facebook ? Une centaine ? Plusieurs centaines ? Pourquoi ? Les connaissez-vous tous réellement ? Non ? Alors pourquoi en avoir autant ? Pourquoi les accepter dans votre liste de contact si vous ne les connaissez pas ? J'ai la réponse. Vous faites tout cela pour deux raisons : 1) vous souhaitez toujours plus de « likes » et 2) vous voulez faire plaisir à celui qui vous a demandé en ami en l'acceptant comme tel sur Facebook.

Vous vouliez seulement faire connaissance ? Très bien. Mais lire son mur ne vous raconte pas sa vie. Lui parler via Internet, par messages, non plus. Ses photos, ses citations tristes à deux sous trouvées sur Internet, ses vidéos « lol » ne le résument pas. Tout cela n'est qu'une facette. La « facette Facebook », appelons-la comme cela. Car, ne l'oubliez pas, poster des photos, des vidéos… n'a qu'un seul et unique but : avoir toujours plus de « likes ».

Vous voulez « être à la mode ».

Et Facebook est partout, maintenant. Partout. Sur Internet, à la télévision, dans les journaux : « Facebook rachète la société Branch Media… un porte-parole de Facebook annonce la suppression du système de messagerie e-mail… Facebook rachète Oculus VR… Facebook lance Slingshot ».

Facebook fait tout. Facebook est partout.

« Elle exagère »,pensez-vous. Mais répondez à ces questions et réfléchissez-y : avez-vous l'application Facebook sur votre téléphone ? Possédez-vous l'URL du site internet en favoris sur votre ordinateur ? Combien d'amis avez-vous ? Combien d'entre eux « likent » vos photos ? Combien d'entre eux connaissez-vous vraiment et à combien d'entre eux avez-vous demandé de « liker » vos photos ?

« Facebook vous permet de rester en contact avec les personnes qui comptent dans votre vie ».

J'ai un nouveau slogan : « Facebook permet de satisfaire votre égo ».

Signaler ce texte