S'écrire...

Écrire c'est une manière d'enrayer un trop-plein, de parler, de s'exprimer très égoïstement. Que ce soit une histoire créée sous toutes ses formes, ou une sorte de confession de conscience ou le "je" en devient presque insupportable.

Une manière de dire qu'une part de nous existe pour le plaisir des autres ou pour leur malheur, que cette part habituellement intime, aime se faire voir sans être dans l'obligation de répondre à d'éventuelles questions qui découlent lors de discussions.

Écrire c'est parler, ne faire que parler sans flairer l'étranglement ou se trouver freinée par quelques personnes, c'est donner de soi ou du n'importe quoi pour se sentir exister ou pourquoi pas important.

Écrire c'est dissiper le doute ou selon l'usage des mots l'amplifier, c'est penser être une autre et se croire intouchable, mais c'est et surtout choisir qui l'on est a un moment précis. C'est comme vivre sa vie sans la bouleverser réellement.

Être celle que l'on souhaiterait être ou raconter celle que l'on est en espérant intéresser quelques lecteurs, qui oublieront une fois le chapitre terminé.

Est-ce que cela vaut la peine de se confier pour être aussitôt enterrée, ou est-ce important de distraire par quelques histoires fantastiques pour qu'elles soient mises aux rebus pour d'autres mots écrits par d'autres personnes.

Après, cela est sans importance, car la réelle écriture ne se limite pas aux lecteurs et encore moins aux avis, l'écriture est avant tout une planche de salut ou une manière de s'affranchir soi même, c'est une liberté d'être et une ressource, une thérapie mais avant tout un exutoire

Écrire c'est aussi installer un trouble, une émotion sans explication, c'est dire qui l'on est vraiment ou inventer sans jamais préciser ou se trouve la vérité, car peu importe, dans chaque mot se trouve une part de soi même, chaque récit parle un peu ou beaucoup de soi

Être la catin de quelques lettres attachées, qui assemblées prennent l'allure d'une courtisane irrésistible. Devenir une prisonnière éprise d'un alphabet, qui fait l'apologie de mots étonnants et devenir dépendante au point d'en oublier la réalité

Je me sens souvent comme isolée et ne trouve l'absolution qu'entre les parenthèses d'un lexique parfois incompréhensible et complexe

Écrire ou s'écrire, ce besoin viscéral, comme l'eau fraiche d'un puits légendaire, ou d'une source merveilleuse qui coulerait dans ma gorge après des jours d'abstinence

Il y a cette facilité dans les mots que l'on ne se sait exprimer de vive voix, cette facilité de refléter ses sentiments sans éprouver le poids d'un regard chargé d'émotions, qui nous empêcherait de traduire réellement notre ressenti.

L'écriture et une perfection qui pourrait s'apparenter à l'amour, là ou la passion et la sensualité se fréquentent lascivement, ou la peur et l'énervement se côtoient uniment, ou la tendresse et le don de soi s'aiment continuellement

L'écriture est une jouissance que l'amour se prête à exaucer.. ou une salope qui nous séduit pour mieux nous détruire