SEPIA

Marcel Alalof

SEPIA

La photographie n’est plus en noir et blanc, mais, prélude à l’effacement, couleur sepia. La technique est un leurre qui nous fait croire que le passé est monochrome et le présent en couleur.

Au premier tiers droit de la photographie, mon grand-père domine par la taille, ma mère debout à sa droite, devenue auburn pour l’occasion. Il tient une tasse et sa soucoupe. A l’extrême gauche, mon père, aux lunettes cerclées, sourit, le regard tourné vers eux, à une plaisanterie sans doute. Au centre trône ma grand-mère, en représentation devant l’objectif. Ils ont tous disparu, sauf une.

Le temps et les couleurs ont passé, sont passés. Ce support du souvenir est décevant, car il ternit les couleurs de la mémoire. Et la mélancolie naît plus de la décomposition des couleurs qui renvoie à celle des disparus, que de l’évocation mentale des êtres chers qui, pour nous, sont toujours vivants mais jamais revus depuis 

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