Si les mots du matin

Susanne Derève


Le vent pousse la barque

et mon rêve prend l'eau

 

réveil menteur

solitude d'un  matin vengeur

 

Si les mots du matin coulaient

de source comme un lied

 

en notes translucides

une eau  limpide   une eau claire

 

ou ces parfums que vient charrier

le vent du Nord mêlés à ceux

des fleurs premières

 

quand j'ouvre la fenêtre

sur les bruits étouffés du dehors

 

odeurs de carène et de vase

de lilas et de miel

 

Lumière     au sortir du sommeil

nous tenions-nous au bord du temps

 

-  le monde je le sais appartient

aux amants avec son poids de

rêves  -

 

une enclave    imprimant la mémoire

sans trêve

en lieu et place du passé

 

la trame des jours  si dense

qu'on en oublie à naviguer  à vue

 

de bonheur en souffrance

l'irrémédiable issue

 



Ilustration : Zao Wou-Ki (Hommage à Claude Monet)

 

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