So douce mie

bleuterre

I

Ô Anaïs, ma douce mie. Je t'aime tant, à l'infini.

Rappelle toi, ce long moment, où tu me mis, à l'agonie. Le vent soufflait dans tes cheveux, ma folle amie. Par amour, je te suivis, et pour toi, je fus soumis.

Soumis à tes plus fantasques envies.

Tu portais cette robe aux couleurs du ciel, ma belle, et tes yeux en étoiles étaient pailletés de turquoise. Tu avais pris le temps de couper tes ongles à ras et de les peindre de vieil argent.

À tes chevilles, tu avais lacé les sandales à rubans.

J'entends encore ta voix quand tu pris ma main sur le chemin et m'emmenas dans la forêt.

« viens Aurélien, viens, aujourd'hui, nous serons seuls pour nos envies »

Je me souviens, tu me guidas sur la terre encore mouillée et tes jolis pieds vernis furent crottés.

L'odeur de l'humus et le bruit de nos pieds dans les flaques de boue, l'odeur de la promesse de ton corps si vivant et de ta proximité attisèrent le feu de mes sens interdits.

Ô Anaïs, tu sais combien j'aime m'abreuver de tes baisers sucrés. Le goût de ta langue ce jour là, ce goût fruité, m'est encore resté.

Je la sens encore comme un bonbon suave liquéfiant ma bouche.

Auparavant tu avais laissé fondre doucement quelques framboises sauvage au creux de ton palais.

Dis moi, ma douce amie, saurais-je moi aussi te faire goûter ce que tu me fis sentir au pied du grand chêne noueux dans la clairière ?


II

Tu m'amenais dans la prairie aux vapeurs fumantes de l'été et le soleil irisait ses rayons à travers les branches, au pied de la grande falaise.

Tu avais déjà tout préparé, au pied du vieux chêne, dans un grand sac de toile. Ma confiance en toi était aveugle et sans limites.

Tu me demandas d'enlever mes chaussures, de délacer mes souliers mouillés, et de sentir l'empreinte du sol marquer la plante de mes pieds. Tu me fis lever les bras pour enlever ma chemise, et dégrafas la boucle de ma ceinture. Tu me laissas le soin de défaire mon pantalon de toile. Je t'avais réservé la surprise de laisser mon vît libre, désentravé, à cru. Et déjà il commençait à rendre l'hommage que tu méritais.

Tu me dis de défaire les rubans de satin qui ornaient tes chevilles, ce que j'exécutai, sans sommation, aucune.

Ô, Anaïs, si j'avais su par avance, ce que tu allais me faire, peut être que jamais je ne serais venu, à ce somptueux rendez vous. Mais jamais je n'aurais pu goûter à l'infinie douceur que tu me réservais !

Au pied du vieux chêne noueux je n'aurais voyagé vers d'autres contrées.

Souviens toi Anaïs, toi aussi, tu posas l'empreinte de ton pied sur la terre mouillée, et tu te mis à rire, à gorge déployée, tes beaux cheveux roux au vent de tes passions.

Ton rire sonore résonne encore dans le silence de la clairière où parfois me mène le hasard de mes pas. Tu m'accompagnas face au tronc de l'arbre ancestral et me fis l'étreindre. De ton sac de toile, tu sortis une corde.



III

Tu nouas mes poignets. J'avais la joue tout contre le bois de l'écorce. Tu te mis contre l'autre côté de mon visage pour me faire sentir à nouveau la douceur de ta peau.

Le soleil commençait déjà, en ce début d'après midi à darder ses rayons, sur mon dos offert.

Et tu repartis. J'entendis quelques brindilles se casser et tu me montras une branche feuillue et encore détrempée de pluie. Tu secouas la branche derrière moi, je sentis la fraicheur des gouttelettes et me pris à rire aussi.

Tu me proposas de bander mes yeux pour mieux goûter aux sensations que tu voulais m'offrir. Moi, je voulais encore voir ton visage et tes yeux rieurs, et sentir ta main sur ma joue,et peut-être encore le suc de ta bouche ornée. Je voulais voir la forêt ajourée recevoir le soleil, je voulais voir ce carré de ciel bleu, au bord de la falaise, je voulais tout, et encore plus toi, et toi encore.

Alors tu penchas encore ton visage constellé de tâches de rousseur vers mes yeux écarquillés du bonheur renouvelé de te sentir si près de moi. La pointe de ta langue moite vint forcer mes lèvres, et tu les mordillas doucement.

Ta main descendit le long de mon dos, alors que tu prononçais ces mots aussi délicieux qu'un bonbon à la violette.

« Aurélien, laisse moi embrasser ton petit cul ».

Comment refuser une telle invitation, écrite sur un si joli carton, en lettres dorées d'amour ?

Avant tu fis couler de l'eau sur mon fessier chauffé par le soleil, et en essuyas doucement, soigneusement, tous les recoins, enfiévrés, en écartant les deux lobes de ta douce main.

Alors je sentis, sur ma peau affamée la douceur de tes lèvres et la pointe de tes dents, et ta langue mouillée et légèrement rappeuse.

Ma verge en efflorescence frottait déjà contre l'écorce mouillée et rugueuse, alors que ton joli serpent rose entrait entre les deux collines resserrées de mon cul aux abois.

C'est alors que tes doigts se saisirent des deux parties charnues qui ne demandaient que ça, et que ton petit animal agile et rose pénétra plus avant, dans les profondeurs de mon séant.

Je ne pus m'empêcher de lâcher ce cri, qui résonna contre la falaise, en écho de notre solitude, ce jour là, dans la pairie.

Te souviens tu ? Anaïs ? De ce cri de bête qui sortit de ma poitrine ?

À ce signal, tu abandonnas un instant mon Saint Jean le Rond tout émoustillé et te mis à fouiller dans ton grand sac de toile. Tu sortis une bouteille et un verre. Du vin parfumé, où avaient macéré des feuilles de bourrache. Tu me servis un verre que je dus boire jusqu'au bout. Ensuite, tu sortis un pot d'onguents, et me fis sentir, l'olive, le buis et la myrte. Et puis un autre objet que tu ne voulus pas me montrer, recouvert d'un linge blanc.



IV


Ta main caressa les deux collines pour s'approcher de ma collerette encore toute affamée.

Tu enduisis mon petite œillet rose de l'onguent préparé de tes mains expertes, pour finir par ouvrir doucement la porte de mon étoile du soir.



La myrte célébrait le deuil de la virginité de mon verso.

Le chantier de tes doigts, put enfin commencer.

Ma verge frottait de plus en plus fort contre le solide chêne, et une coulée de lave issue de mon ventre déferla en séisme le long de mon épine dorsale. Mais je devais lutter contre l'irrésistible envie de me laisser aller.

Je savais que la récompense valait cet effort et que les lauriers de cette lutte seraient à la hauteur de tes promesses, Anaïs.

Ô Anaïs, si j'avais su avant que tout cela était si bon, j'aurais déjà fait pour toi cet hommage que si souvent je te refusais de peur de passer pour le dernier des beaufs.

Ô Anaïs, je ne sais encore si je vais pouvoir honorer tes sens au point où tu honoras avec tant d'amour ce lieu si méprisé.

Tu laissas ton doigt s'animer de mouvements circulaires, ce qui éveilla en moi d'autres vagues, d'autres séismes.

C'est alors que de l'autre main, tu posas sur ma joue un objet en bois lisse que tu mis ensuite devant mes yeux écarquillés.

Ce godemiché en bois nervuré qui te servait de presse papiers sur ton bureau.

Moi qui avait toujours appréhendé avec dégoût cette éventualité, je découvrais ce jour là combien tu savais éveiller mon plaisir.

C'est alors que je te demandais, dans un sursaut de maîtrise, d'honorer toi même ton joli con avant de t'occuper de moi.

Tu obéis de suite à mes ordres, et sur le champ, devant mes yeux, je vis ton beau visage en arrière soupirer alors que tu lubrifiais l'objet de mon supplice de tes sucs aux mille saveurs que j'avais envie de goûter encore une fois. Et, comme si tu lisais dans mes pensées, tu me présentas l'objet nervuré à l'encoignure des lèvres, où je pus poser quelques secondes, ma langue assoiffée.

Anaïs, comment avais tu pu comprendre que je désirais, tout au fond de moi connaître un jour ce bonheur, celui de ma défloration, dont tu fus l'instigatrice ?


VI

Avec une douceur infinie tu écartas le chemin où pris place l'objet. J'avais l'odeur de l'humus, mêlée à l'odeur musquée de ton entrecuisse et déjà, j'étais parti vers un ailleurs entre vagues et volcans où s'abîment les sens dans un gouffre sans fond.

Il était trop tard, et le tronc recueillit ma semence, et l'écho de la falaise recueillit le cri de mon corps qui rendit les armes.

Alors tu amenas, près de mon visage, ce que ta main experte avait manié avec autant de grâce. Je respirais cette odeur abjecte mélangée à l'humus et à la vie.

L'idée de notre vie en sursis me traversa l'esprit, de nos corps qui un jour, rejoindront les entrailles de la terre pour la nourrir à nouveau.

Je compris Anaïs, que jamais, Ô grand jamais, je ne devais prendre à la légère l'empreinte de nos mains scellées par l'amour que tu me portes, ni l'odeur des feuilles après la pluie, ni la verticalité de la falaise qu'il faut parfois escalader pour ne pas sombrer dans les noires pensées qui parfois nous embrument.

Report this text