Something in the way
bis
Quelque chose dans le chemin m’empêche de me dire que tout ira bien. J’ai souvent pensé que les lendemains n’étaient que des jours en plus et puis rien d’autre.
Quelque chose dans le chemin m’interdit de dire que tout ira bien. J’ai vécu tout un temps la bohême d’un type seul et sans amour, d’un crasseux friqué sans attache.
Quelque chose dans le chemin me susurre des mots d’usure et me rassure en me caressant de termes qu’on fait quand tout va bien.
Je lui réponds que je ne suis pas seul par envie, plutôt par hantise des écorchures. J’ai refusé avec ma guitare de réciter encore des poèmes enfiévrés. J’ai dit « j’préfère m’enfermer plutôt qu’à nouveau me blesser ».
Et j’ai vécu tout seul à refuser. Tout le temps refuser le désir, à me dire que le mal était mon empire mais que mon emprise sur ce dernier allait croissant.
Je vois le chemin sans le voir. Sur lui, je sens partir ta main sans la sentir. Et quelque chose dans le chemin m’empêche de me dire que tout ira bien.
Ce matin au lever j’ai pris une bière, j’ai pris quelques poèmes d’avant, quand j’étais seul, quand tout était simple. J’ai regardé le livre rouge sang de Bukowski qui criait : « L’amour est un chien de l’enfer ».
En baladant mes yeux par la fenêtre, j’ai soliloqué en me disant « putain ». Putain de toi, putain d’appétence à cette démence de passion finie sans cesse dans des cris. L’orgasme est une petite mort à ce que j’ai entendu. Ce doit être pour préparer à la toute grande : celle où tu t’en vas.
Quelque chose cloche sur le chemin. Cela fait trop longtemps que je vois tes sourires me soupirer des mots ravissants. Ravissant ma clairvoyance puis ton visage est ravissant aussi… J’sais pas…
J’ai des problèmes d’angoisse m’a-t-on dit. Moi j’ai pas vraiment l’impression. Je suis négatif m’a-t-on dit. Moi j’ai pas vraiment l’impression.
J’ai juste le frisson prémonitoire d’un truc sur le chemin comme dans la chanson douce de Nirvana : « something in the way ». Avec la guitare et puis tout ça…
Je ne me pose pas de questions sur ta fidélité, je ne m’en pose aucune sur notre avenir ou sur le passé. Je ne t’en veux pas de m’avoir attrapé dans ce guêpier de pourpre des amours éthérés. Tellement plein d’éther que ça endort.
Après ma bière de ce matin, je t’ai embrassé sur la joue. T’étais encore nue dans le lit et je me demandais pourquoi t’avais cet effet sur moi. T’es pas un livre, pas une guitare ni à bouffer. Tu me coutes cher, tu fais chier cinq jours par mois mais je suis accro.
J’ai fini ma bière et je me suis assis à tes côtés. J’aurais voulu allumer une clope et avoir la classe en posant mes pensées sur la fumée, dissolues dans la nicotine d’un amour pensif, elles seraient peut-être parvenues à me dessiner quelques bribes du truc sur le chemin, quelques détails, un petit croquis peut-être, histoire d’y voir plus clair. Mais bon, j’ai jamais fumé.
Je me suis recouché à tes côtés, même si je savais que quelque chose clochait. Ça me grignotait le fil de ma pensée mais j’ai quand même continué. C’est peut-être ça l’amour, c’est peut-être ça l’angoisse ou la peur.
En tout cas, je t’ai serré contre moi, priant pour une relation pérenne et sans accrocs.
Le lendemain tu me quittais. T’en avais marre de l’haleine de bière. Puis j’ai pleuré. Parce que moi je t’aimais encore. Mais j’ai pas compris. Il y avait toujours quelque chose dans le chemin. Même après que tu sois partie. Va savoir quoi ou qui, j’ai pas trop compris. J’ai rien compris, j’y comprends rien.
Alors j’ai cherché dans les livres l’indicible, dans ma caboche toute ma vie, j’ai fait trente-six fois le tour de l’inconnu en sautant à pieds joints pour voir si ça changerait quelque chose.
Mais rien…
Si ce n’est l’argent, si ce n’est l’amour d’une femme, que peut bien rechercher le cœur d’un homme ? Comment courir après un objectif qui n’existe pas ? En écrivant j’y arrive un peu, puis avec ma guitare, puis en dessinant… des trucs comme ça…
Et dans les jours de mauvais temps je me prends la tête, une brisure s’opère et l’orage s’ensuit.
Ça fait un truc bizarre en désaccord avec moi-même. Je n’arrive pas à le comprendre.
J’sais pas…
Oui, c'est une autre ambiance. C'est plus lancinant, moins proche de ma réalité... mais j'ai fait ce texte avec la chanson de Nirvana et l'état d'esprit avec. ça rajoute peut-être un brin d'hermétisme aux sensations notez... je peux comprendre que l'on accroche moins.
· Il y a environ 11 ans ·bis
J'ai moins accroché ici qu'aux deux posts suivants
· Il y a environ 11 ans ·Michel Chansiaux
Comme je te l'ai dit dans le précédent texte, j'aime la circonvolution. Le style "comptoir" ne m'intéresse que dans certains cadres mais pas lorsque je m'exprime par écrit. Tout simplement parce que je pense comme j'écris.
· Il y a environ 11 ans ·Je suis un pilier de comptoir qui s'exprime avec un style de poète à la manque. Haha...
bis
Bon effectivement rien que le titre, ça attire... tricheur! rire. Mais pour le texte, il gagnerais à être encore plus prosaique, qu'on y sente moins de lyrisme, que ça fasse plus comme is tu parlais à un pote autour d'une biere. Ce que tu dis c'est cartésien, c'est lucide, et c'est ce qu'on se dit quand on est en train de se faire le pack et qu'on se perd entre les " je t'en veux ", les " jte comprends", et les " vous etes tous des connards " à la fin du pack rire. Donc les mots sont juste, le style mérite d'être modifié, mais bon je suppose bien que si tu l'as fait comme ça c'était parce que t'avais envie que ça comme ça et pas autrement , rire
· Il y a environ 11 ans ·jone-kenzo
@ Colette: si je dois Être franc, moi-même je ne sais pas la signification des points de suspension. J'ai écrit ce texte d'instinct, avec des relants de Bukowski et une grosse journÉe de taf dans un supermarchÉ. Mais je crois que les deux explications se tiennent. C'est bien, ça rend mes textes vivants de laisser une part d'indécision et d'interprétation libre. Je suis très content de ça :D
· Il y a plus de 11 ans ·@ Apoline: j'aime beaucoup l'image de lune noire. C'est une belle contradiction de noircir avec des mots ce qui est censé nous guider la nuit, en dernier recours. La lune noire, c'est le désespoir total. Un peu comme les désirs refus. L'abandon du désir et le désespoir... André Comte Sponville, "TraitÉ du dÉsespoir et de la bÉatitude". Livre gÉnial qui vous fait voir que l'endroit du monde est en fait son envers. Je le conseille...
bis
Je ne suis pas d'accord avec Raf, j'ai bien suivie ton chemin et le point de suspension final nous rappelle à tous qu'on a ce foutu chemin et que l'on cherche toujours cette impossible something qui fait valser la vie! J'y ai respiré à ce point de suspension...
· Il y a plus de 11 ans ·Colette Bonnet Seigue
Texte à l'âme captivante... Serait-ce la Lune noire qui t’ensorcelle sous tes Désirs Refus ?? ;)...
· Il y a plus de 11 ans ·Apolline
Merci merci :)
· Il y a plus de 11 ans ·bis
Ce texte en tout cas pourrait déjà être déclamé en musique avec des images à la Fauve. Peut-être parce qu'on avait déjà la musique de Nirvana qui résonnait quelque part dans un coin du cerveau, en effet.
· Il y a plus de 11 ans ·Et moi, cette fin en suspend (en plus, toute seule, unique sur la dernière page, c'est, certes pas fait exprès, mais agréablement surprenant. On s'attend à en voir plus, et non, bim "j'sais pas...") je l'adore !!
Bref, y'a une vraie ambiance dans ton texte et en peu de choses tu nous plonge complètement dedans. C'est du grand, du beau travail !
octobell
Raah je suis vraiment contente que ça te plaise, on m'a fait découvrir ce titre il y a peu de temps, et je m'y suis plongée et je crois que j'en suis pas encore sortie ^^'
· Il y a plus de 11 ans ·C'est un beau projet que tu as là, déjà tes textes, sans images, sans musique, ont une sacré force, alors j'imagine bien ce que ça pourra être un jour ! Bonne chance à toi en tout cas !
rafistoleuse
Rafistoleuse, d'abord merci pour ton commentaire. Ensuite je te remercie encore plus chaudement, du fond du cœur de m'avoir dirigé vers le blizzard. Il y a des chansons sur lesquelles je peux tirer énormément de choses, qui m'inspirent beaucoup émotionnellement. Et celle-là en fait assurément partie (si je puis l'appeler ainsi).
· Il y a plus de 11 ans ·Mais en plus c'est tout ce que je veux faire plus tard. Dans quelques années, j'aurai assez de connaissance pour faire ma propre musique, j'ai un hobby qui est de filmer avec ma caméra puis j'écris aussi... Et déclamer par d'autres mes textes sur ce que j'aurai créé sera l'ultime étape, comme dans ce que tu m'as montré. Merci, merci, merci! Génial ce que tu m'as montré, génial! You made my day!!!!!!!!! :D
NZ, merci :) Je souhaite que tu reviennes vite nous voir :)
bis
Moi également... j'aime ce texte comme j'aime le timbre rauque (rock) de ton univers littéraire... Merci de ne pas changer de dimension tout de suite, celle là est parfaite pour le moment.
· Il y a plus de 11 ans ·A bientôt.
(Ex Ghost Of) Napoléon Zér0
A la lecture du titre, j'ai tout de suite pensé à Nirvana, of course. Du coup c'est cette mélodie sombre qui m'a accompagnée pendant toute ma lecture et ça donne encore plus de force à ton texte.
· Il y a plus de 11 ans ·Cette phrase "quelque chose dans le chemin" nous fait avancer en même temps, ça marque des étapes... Et puis on se perd, on se sent perdu, comme "je" dans le texte. Au début en lisant la dernière phrase, j'ai été un peu surprise par la fin. Je m'attendais à un point plus final ...
Mais en fait, c'est plutôt bien joué de ta part, parce que lorsqu'on doute, qu'on est perdu, qu'on se questionne sur tout et son contraire, on en voit pas la fin. Les points se suivent par trois.
Tu sais ce truc bizarre, c'est peut-être bien le blizzard ...
(Si tu as l'occasion, écoute "Blizzard" de Fauve ;)
En tout cas j'aime beaucoup !
rafistoleuse