Tais-toi, et prend moi dans tes bras

Je mange de moins en moins.

Dis, peut-être alors, m'apercevras-tu ?

T'es là, mais t'es pas là, toi non plus.

Alors je mange de moins en moins.

Pour que tu m'aperçoives.

Et tel un chat qui a une pelote de poils coincée dans la gorge, je m'étouffe. Je m'étouffe, comme une conne, écroulée sur le carrelage, entre deux hoquets silencieux.

Envie de te dire de te taire, et de me prendre dans tes bras. Pour que les papillons volent à nouveau dans le creux de mon ventre.

Je mange de moins en moins.

Dis, c'est vraiment le seul moyen

Pour que tu me regardes ?

Au bout de tes lèvres, je suis une cigarette qui se consume. La cendre que l'on écrase. L'étincelle mouillée.

Et ce vide qui me pourlèche les joues. Et le froid qui s'est emparé de moi. Je crève doucement, en douce, en solitaire.

Je n'ai plus faim.

Dis, t'as remarqué ?

Enveloppée dans du papier bonbon rose-déprime, je tourne en rond.

Peut-être que ce qui compte, ce n'est pas d'avoir perdu ma boite à rêves. Peut-être que ce qui compte pour moi, ça ne compte pas pour toi.

J'attends que tu remettes une boite de mikado dans la voiture, là, juste sous l'auto-radio. J'attends qu'on les grignote sur une route perdue, n'importe où. Avec un vrai sourire sur les lèvres, pas un en bronze ou en toc. Non, un doré, tu sais, comme dans les bijouteries.

Je mange de moins en moins.

Dis, cap ou pas cap ?

De tirer le bon pétale sur la marguerite ?

Je mange de moins en moins,

Certains disent que je veux disparaître,

Mais moi,

Je voudrais juste exister dans tes yeux.