Terminus

J'ai jamais été accro à quoique ce soit.
Aucune addiction, ni came, ni coke, ni champotes, pas même un p'tit joint.
Peu de chance que je finisse alcolo, ni au milieu des trav' du bois de Boulogne pour me payer mon trip quotidien.
Aucun excès, tout dans la demi-mesure.
Jamais excellente en rien, ni meilleur qu'un autre, ni moins douée que mon voisin.

Juste la tête dans mes bouquins, juste prête à croire n'importe quoi, à peu près tout et son contraire.

Fées, p'tits bonhommes verts, pirates ou bien pays imaginaires pourvu que ça soit écrit noir sur blanc.

Quand gamine on m'a demandé c'que je voudrais faire dans quatre matins, j'ai répondu écrivain.
On m'a dit, on te demande pas ton passe temps mais ce qui te fera gagner ton pain.
Comme les mômes croient facilement les grandes personnes, j'ai avalé la couleuvre, mon amertume, ma plume et mon calepin et j'ai pris un autre chemin.

Et maintenant...

Et maintenant, je suis paumée sur le quai de la gare entre le rire et le désespoir.
Y a dans ce tout, rien d'extraordinaire ce qui fait de ma vie un enfer.
A force de reculer pour mieux sauter, j'ai fini par oublier comment j'suis censée avancer.
J'attends un signe, j'attends mon train.
J'attends au cas où aujourd'hui vaudrait peut-être un lendemain.

Je m'encombre de mes mots, j'en ai plein les bagages.
Je les entasse au fond d'une valise pleine à craquer,
pleine de vide, de peut-être, de tout ce que j'aurai pu être.

Et au final, je suis la foule.
J'emboîte le pas à des passants sans vraiment savoir où ils vont.

Et puis, eux, le savent-ils vraiment?