Tous ces bruits

Casser la coquille d'un oeuf sans en mettre partout, c'est comme les chocolats à la liqueur bien que ce soit meilleur, on les mange avec précaution, sans en faire dégouliner une seule goutte. Il fera beau aujourd'hui, je me suis levée encore trop tôt, six heures du matin, je vais me recoucher, une musique miaule quelque part dans l'immeuble sûrement mes voisins du dessus. Ces murs mal insonorisés rendent compte de l'âme du bâtiment et de ses habitants, ils les font vivre, moi y comprise. Billes qui rebondissent sur le sol, tricycle qui roule, les enfants se fichent pas mal des murs fins comme du papier à cigarette. Je travaille à domicile, rien ne m'échappe, les cris des voisins les plus proches, je m'adapte à la vie de l'immeuble, le son charmant d'un piano et ses couacs, l'été quand les fenêtres sont ouvertes, le sifflement de la cocotte minute, et toute la panoplie des bruits domestiques. J'ai parfois pensé à déménager surtout l'été quand les gens vivent dehors tard le soir ou dans leur balcon, on entend toutes les conversations alentour, le môme qu'il faudra aller chercher à la crèche, les courses qu'il faudra faire, etc, etc... Moi on doit m'entendre aussi quand je pique des crises de nerfs au téléphone, pourquoi, on se le demande sûrement. Ma vie aussi s'inscrit dans l'existence d'un voisinage sympathique, d'un immeuble vieux de 100 ans. Un siècle de bruits diffus, des schtoc, des bim, et des boum, qui font le quotidien d'un monde qui a perdu son anonymat grâce à cette âme qui vit à travers tous ces bruits.