Traversée

Natacha Karl

Les yeux d'amour

démaquillés

la bouche mordue

des lèvres données et rendues

aux sourires épris

des mains sous la pluie de baisers

des mains comme des oiseaux

des ailes de dentelle

des corps qui prient

un amour qui se tend

jamais assez de nos caresses

pour oublier cette frontière de la peau

si fine

si secrète

d'un autre pays

tienne

absolument tienne

à perdre les contours

à masquer les dérives

à tanguer

mes cheveux balayent

ton visage qui chavire

sans faux-semblant

ton sourire est un navire

un vaisseau immobile

dans l'espace partagé

dans un murmure de vent

dans un sable émouvant

un rivage où nous marchons

la plage du premier jour

et les mains qui se tendent

et nos corps qui flottent

l'océan

sous tes doigts redessinée

ta statue

ta beauté

mon passager ébloui

mon amant de satin

les draps sont les voiles

de notre vaisseau à quai

je me noie dans tes yeux

sous la caresse de ton regard éperdu

nos mains qui ne jouent plus à creuser le désir

nos mains qui brouillent le temps suspendu

Est-ce la lune ou le soleil qui luit?


©nk

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