Typhaine.

tiare

 Dans son tendre ventre

Des coups meurtriers.

 

5 ans

Une … petite … fille

Comme la mienne

Comme la tienne, peut-être.

 

Ils l’ont maintenue debout

Pliée d’effroi et de douleur

Pour mieux planter dans sa chair

La semelle de leur torture.

 

D’un coup de pommeau sur les traits

Ils l’ont fracassée pour plus de docilité.

Décidés d’évacuer des convulsions gênantes

Ils ont fait couler un long jet gelé

Sur son lambeau de corps déglingué.

 

Dans le bac à douche brisée,

La petite fille s’est mise à écouter

Le chant des larmes salées

Inonder le plancher.

 

Puis, son cœur a cédé.

Dans un râle final,

Elle a rendu l’âme.

En lâchant juste un mot :

« pardon maman ».

 

Maman est repartie regarder Rasta Rocket.

 

Typhaine ne dormait pas.

Typhaine marchait dans sa chambre.

 

Et ça, ça l’a excédé.

 

Elle aura uriné dans son lit.

Elle sera tombée dans l’escalier.

 

Diront-ils. C’était un accident.

 

D’ailleurs, elle était peu souriante,

Jamais heureuse quoi qu’on fasse.

Elle réagissait pas quand c’était elle.

Fallait qu’il cogne plus fort.

 

Pourtant intérieurement

Elle pleura, elle cria aussi.

Personne ne l’entendit.

Malgré sa maigreur et ses apparitions furtives,

Personne ne s’arrêta.

 

Elle l’appelait « Monsieur »

Celui qui tenait le volant de sa future tombe.

Elle l’appelait « Madame »

Dans ce voyage maudit

Vers le néant de sa claustration.

 

Privée de repas.

Privée d’école.

Privée de parole.

 

Attachée dans le noir d’une cave,

Parfois à l’escalier pour éviter toute fuite.

Ses bleus muets, sa douleur sourde.

Les passants sont passés.

 

Elle est restée seule

Murée dans l’horreur.

A croire à chaque sonnerie

Que c’était eux, ceux qui l’aimaient

Avec qui elle repartirait ce jour.

 

L’a t’on véritablement cherchée.

S’est-on vraiment questionné.

Et puis le temps passe vite, trop vite

Pour les vivants …

 

Pas d’étonnement,

Un monde indifférent.

Il y avait d’autres sujets d’actualité.

Il y aura d’autres faits divers.

 

Ses yeux trop durs pour elle.

Le lien n’avait pu être fait.

Et maintenant elle savait pas comment faire.

C’était elle la mère.

Elle que la petite devait aimer.

Elle qu’on aurait du aimer.

 

Réduire l’autre à l’état d’objet

Pour combler une faille narcissique.

 

Folie, perversité, sadisme.

Quand ça se réveille, ça grandit.

Le mal résiste lui.

Si l’on n’y prend garde,

Il s’extrait dans l’ombre

Comme le serpent de l’œuf.

 

La mère et le beau-père condamnés à 30 ans.

Descendus au purgatoire.

 

Typhaine, Marina, Innaya et les autres…

Deux enfants maltraités meurent chaque jour

Et ce nombre est en progression.

 

Pourtant des enfants martyrs

Respirent encore un peu

Dans leur bout du monde.

Suffirait juste d’oser se tromper,

De sonder la voisine quitte à se faire jeter.

 

On discute du fonctionnement psychotique de la mère,

Du comportement du beau-père.

Et le désarroi d’un jeune père trop confiant ?

Et l’inquiétude de beaux-parents manipulés?

Et l’oubli circonstancié des uns et des autres ?

 

Ils l’avaient pourtant portée

Encore chaude du lait nourricier.

A entendre ce calvaire,

Ils s’en souviennent amèrement.

La petite les a attendu.

Ils ne sont pas venus.

 

Malgré leur bonne foi,

Famille, école, entourage, services sociaux,

Tout le monde porte la peine

De ne pas avoir choisi les bonnes armes.

 

Il y aurait donc d’autres priorités

Que la demande d’un papa peu assuré

En quête de sa fille volatilisée ?

Paperasserie de la justice, dispersion des services sociaux,

Système scolaire noyé dans les évaluations.

Du recyclage pour les ordures.

 

Petite, tu ne peux plus pleurer.

 

Ce soir, la nuit est calme.

Je te porte en mon sein.

Sans comprendre mon trouble.

 

Si un Dieu t’attend quelque part,

J’ose espérer qu’il panse tes plaies.

 

Car il n’y a pas de mots.

Ta vie faisait insulte à ces bourreaux.

  • Ma petite soeur s'appelle comme ca... ca me retourne les tripes des gens qui font ca. Je suis toujours attentive quand je vois des enfants autour de moi. Ya des signes qui trompent pas... on sait tous au fond de nous quand quelque chose ne va pas.

    · Il y a environ 11 ans ·
    10712727 927438223957778 7773632960243052824 n

    cerise-david

  • L'ignorance des enfants n'a de peine que celle des parents.

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Logolweloveword 465

    Olivier Sun7

  • c'est tres bien ecrit, cette histoire vrai me serre le coeur et je n'arrive toujours pas a comprendre comment on peut faire ca. cdc

    · Il y a presque 12 ans ·
    521754 611151695579056 1514444333 n

    christinej

  • Merci Slive et Frédéric + les cdc... Oui, j'avais besoin de décharger! Cette histoire m'a obsédé peu à peu, impression d'être possédée.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Pedro almodovar 2012 150

    tiare

  • Tu avais besoin de te décharger de ce trop plein!?... Tes mots sont justes, mais tu n'insistes pas assez sur la "non-assistance à personne en danger". Il faut qu'on se bouge d'avantage!
    Les "Je ne savais pas" sont d'un autre temps. On sait toujours! On sait tous!...JE sais!

    · Il y a presque 12 ans ·
    Un inconnu v%c3%aatu de noir qui me ressemblait comme un fr%c3%a8re

    Frédéric Clément

  • J'aime beaucoup comment l'histoire est amené tout en restant compréhensible et nullement longue malgré les 6 pages.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Img022

    slive

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