Un animal social ?

Aurélien Loste

Vraiment ?

Les humains sommes les animaux les plus tardifs, au développement le plus long après la naissance, généralement un an, jusqu'à la marche et la parole/la lecture.

Donc en notre première année, nous dépendons des autres, des parents.

Mais après ?

Soit de l'école, soit d'un apprentissage, manuel ou intellectuel, en France sanctionnés par des diplômes.

Là encore, un moule social. Jusqu'en mai 68, le certif'-icat d'étude, vers quinze ans, depuis, le baccalauréat, vers dix-huit ans. Et depuis 2000, le niveau moyen d'études en France est même passé vers 2005 à la licence, trois ans après le bac, et depuis 2015 au master, cinq ans sans lesquels la plupart des concours d'État sont inaccessibles.

Mais après la formation et le travail ?

Prenons Ashley Barty, australienne n°1 mondiale au tennis, qui prend sa retraite à vingt-cinq ans, ou les militaires, pour considérer un groupe plus grand.

Quand on prend sa retraite vers trente ans, sommes-nous encore un animal social ?

En France, État le plus redistributif au monde, oui, par exemple, en logement social, nous vivons grâce aux impôts, donc aux autres.

Mais en dehors des logements sociaux ? Prenons un exemple aussi extrême que simple :

Bâtir sa propre maison, ne pas dépendre du réseau d'eau ni électrique; pour avoir longé de tels logements dans les Pyrénées, leurs occupants, des hommes seuls, coupent leur bois, boivent à la source. Leur vie a l'air difficile, rude, ils ne rendent pas les saluts. Solitaires.

Robinsons des temps modernes.

Un Américain, aussi, qui a publié "Robinson des mers du sud", ayant acheté une île dans le Pacifique sud.

Mais déjà, il dépendait de touristes, et de son éditeur.

De même qu'écrire directement sur internet nous fait dépendre d'une technologie, de serveurs, hébergeant sites, applications.

Ce qui compte le plus est l'impression, car à situation donnée, chacun.e réagit différemment.

Vivre seul.e sans famille ni ami.es volontairement, coupant les ponts, solitude souhaitée, est un lot de plus en plus commun, depuis les années quatre-vingt-dix et internet, car la toile permet une forme de communication, de participation au "grand village global", dans the 'world wide web', la grande toile mondiale.

Sans parler des réseaux sociaux, dont est issue la photo de ce petit texte, une Russe nous l'ayant envoyée en mars 2022, avant de se voir supprimer son profil.

C'est une chose de rester seul.e une fin de semaine, trois jours au calme, ou même trois mois, sans relever son courrier, ne répondant à personne, ce qui est encore le lot des générations âgées, loin du numérique.

Et déjà, écrire est une rupture de la solitude, car même en écrivant pour soi, dans un journal, il y a toujours la possibilité d'être lu.es.

Prenons un cas fameux, que vous situerez donc, celui d'Anne Frank, qui écrivait en se sachant condamnée, donc en pensant plus à sa propre survie qu'à son éventuel lectorat posthume (et quel audimat !).

Imaginons-nous au cœur de la troisième guerre mondiale, en Ukraine ou à Taïwan, écrivant sous la menace d'un bombardement qui réduise à néant notre communication locale, car internet est coupé en temps de guerre.

Situation peu enviable, l'idéal humain étant une vie longue, jeune et paisible. Plus de cent vingt ans en bonne santé, à se faire plaisir.

Le plaisir justement, est-il égoïste ? Notre cerveau est fait pour la communication, même vivre en ermite inclut, pour la nourriture, une dépendance aux autres, les moines asiatiques,  bouddhistes, prient pour leur bol de pitance. Matthieu Ricard, en ermitage, reste relié à son sangha, sa communauté, est même un grand communicant, que nous avons la chance d'avoir en France !

Se situer au sein d'une humanité dont nous souhaitons élever le niveau de conscience nous rend tout de suite plus connectés.

En le faisant, on en vient vite à se demander que faire pour améliorer la vie du groupe, de la communauté ?

En 2015, réfléchissant à cette question, il m'est apparu que le changement d'heure, que j'ai toujours bien aimé pour régler les horloges, est un problème au niveau général. Poussant l'altruisme, j'ai posé la question au couple présidentiel Hollande-Royal, qui m'a répondu la stat de l'A.D.E.M.E. comme quoi ce changement permet d'économiser quarante quatre mille T.É.P., Tonnes Équivalent Pétrole, ce à quoi j'ai répondu que c'est faux, et sans suite, j'ai contacté M. TURK Alëx de la Commission européenne des Transports, qui m'a répondu favorablement et a enclenché une réunion de tous les chefs d'État européens pour harmoniser l'heure européenne sur celle d'été (apparemment) ou d'hiver (préférable, car plus proche de l'heure solaire).

Comme cette douzième semaine de 2022 n'a que cent-soixante-sept heures, je me devais de vous l'expliquer.

Le simple sujet de l'heure montre bien notre degré de dépendance sociale : ma femme me demande souvent quelle heure il est, ne le sachant pas plus que quel mois et quelle année nous sommes.

Elle est donc moins sociale et sociable que moi.

Quel est le mieux ?

Comme les pensionnaires des maisons de retraite, qui perdent tout civisme, oublient le nom du président actuel, la vie en société en général..

                                                      ~


Platon puis Isaac Asimov ont théorisé une humanité idéale où les familles n'existent plus : dans son fameux discours de "La République", Platon imagine qu'hommes et femmes copulent collectivement, et que leurs enfants soient séparés à la naissance et élevés à part, par des sages triés parmi la communauté.

Asimov a transposé cette situation dans son cycle des robots, où une Conscience Artificielle (l'évolution de l'IA) choisit les humains les plus compatibles en fonction de nos gènes, les fait copuler uniquement à visée reproductive, puis les sépare (les contacts physiques sont interdits, en dehors de l'acte sexuel reproductif), et des robots élèvent leurs enfants loin d'eux. Les contacts se font en vidéo.


Aimeriez-vous vivre sans contact ? Car ma femme et moi, oui, rencontrés sur Facebook, nous avons en quelques mois fait chambre à part, quatre ans, puis logement à part, à 600km, comme en 2018 sur Facebook.

La vie aujourd'hui est de plus en plus connectée, d'ailleurs le code civil français a même depuis plus de trente ans l'article 108, qui permet de vivre séparément tout en étant mariés.

Donc vive la solitude consentie !

Non ?

Commentaire de mon épouse :

"Vivre seul.e c'est un choix, le choix d'être tranquille parce qu'on est mal entouré.es, et qu'on veut travailler sur soi-même en profondeur, moi c'est ma raison principale.".

CQFD. 

Et vous, qu'en pensez-vous ?


  • La solitude est un mot que je n'aime pas...je lui préfère le solitariat qui me semble plus un état qu'un sentiment. Je suis une solitaire sociable qui a essayé le mariage, le divorce, la liberté, enviée par les femmes mariées, mais pas facile à faire accepter en société...le concubinage pas terrible...et la situation "back street" ( voir le film) qui fût très très agreable...so what?

    · Il y a environ 2 ans ·
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    myriam-m

    • Merci pour le solitariat (mot inventé ?) qui amène sur un joli texte belge sur le choix entre solitude choisie et subie, qui cite Sartre :

      "L'enfer, c'est les autres ?

      Sartre écrivait en 1964 :

      "« L'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire.
      Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes.
      Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger.
      Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer.
      Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous."

      Sartre voulait donc dire que nous nous créons notre enfer en étant dépendants du jugement des autres. Jamais nous ne pourrions répondre à cette question fondamentale : "Qui suis-je ?" sans avoir de contact avec autrui. C'est à travers eux et nos réactions que nous apprenons à découvrir vraiment notre personnalité, pour ensuite cibler nos lacunes et réaliser un travail sur nous-mêmes.

      L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est le fait de se sentir exclu, jugé ou ridiculisé par ceux-ci. Il faut apprendre à se détacher du regard des autres et de leurs jugements hâtifs.

      Et pourtant .... pour certains, l'enfer, c'est de vivre avec les autres.
      La psychologie dit que cette forme de suffisance peut provenir de l’enfance : "si l’on m’a dit que j’étais le plus intelligent, le plus fort …, pourquoi irais-je vers l’autre, qui ne m’apporterait rien ?"
      Quand l’éducation n’a pas inculqué le goût du partage et de la découverte d’autrui, l’enfant développe un égoïsme qui peut se manifester par le retranchement, par peur des autres : "Lorsque vos parents vous disent - et montrent - qu’il ne faut faire confiance à personne, vous en devenez individualiste !"

      https://www.calay.be/solitude.php

      Et merci pour la situation backstreet "Back Street est un roman américain de Fannie Hurst paru en 1931 qui relate l'histoire d’un amour dans l’ombre. Ce roman a connu à sa sortie un immense succès, au point que l'expression « Back street » est devenue emblématique de la situation de la « maîtresse cachée » et désintéressée.", car j'ai aujourd'hui eu la chance et l'honneur d'initier au tango une étudiante en couple qui n'avait pourtant pas l'air de l'être et ne me l'a pas dit, étant au contraire très gentille, aimable même, tournant bien les derniers pas tout en se laissant guider, la partenaire parfaite !

      Moi marié depuis fin mai 2018 (en instance de divorce depuis le 9 juin 2022), elle en couple depuis le 4 juillet 2019, que nous arrivera-t-il ?!

      En tout cas les femmes êtes de nos jours très indépendantes, même en couple, c'est impressionnant cette évolution..,la parité, dans le bon sens !

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

  • En résumé : La solitude à deux mais pas tout le temps, voilà mon idéal !

    · Il y a environ 2 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • J'ai vécu 53 ans mariée avec le même homme. Certainement pas une vie de rêve et pourtant je ne l'aurais jamais quitté car je tenais à lui, pourquoi ? J'ai même du mal à répondre à cette question que je me pose parfois. Toujours est-il que cela a été un grand vide lorsqu'il est décédé, car pour moi il était immortel. J'en ai fait sourire certains lorsque je confiais cela, mais c'est ainsi. A présent que le temps a passé, bientôt deux ans, je me sens mieux et j'apprécie une indépendance à laquelle je n'avais jamais goûté. Des choses simples, comme aller me balader sans regarder l'heure, prendre mes repas lorsque j'en ai envie, et manger ce ce que j'ai envie de manger. Regarder des films à pas d'heures, lire et lire encore. Ecouter de la bonne musique sans cette télé qui fonctionne à longueur de journée. Plus de contraintes, et pourtant... pourtant, parfois je ressens la solitude. Avoir un compagnon auprès de moi, mais voilà on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre, n'est-ce-pas ??

    · Il y a environ 2 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Le veuvage féminin est le plus répandu, longévité oblige, ce qui doit expliquer que beaucoup de Françaises âgées soient souvent entre amies :-)

      Pour connaître l'inverse avec mon grand-père veuf depuis 2000, bien que très affecté par sa perte, car couple amoureux, il est très sociable, même avec des amies lui aussi, et ses deux filles, ce qui est plus courant, la famille, donc tout dépend finalement du caractère plus ou moins social ou au contraire indépendant de chacun.ne, et de l'endroit de résidence principale (en ville, plus solitaire, ou à la campagne, avec plus d'entraide).

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

  • La promiscuité de la vie à deux finit par ronger quelque chose dans la relation. Je suis pour un espace de liberté au propre, comme au figuré, pour chacun. Quoiqu'il en soit la vraie question est, à mon sens, quelles sont les raisons pour lesquelles je suis avec cette personne? S'agit il juste pour ne pas être seul,d'avoir du sexe? La plupart des ''relations'' sont des contre sens qui reposent sur des besoins ou des intérêts. Seul un vrai lien profond devrait fomenter une histoire. Le reste la parasite. La fausse. Faute d'osmose, on peut toujours trouver un compromis avec quelqu'un pour certaines réjouissances. Dans ce cas là il ne s'agit pas d'amour, et l'on peut, pourquoi pas, être à 800 kms l'un de l'autre.

    · Il y a environ 2 ans ·
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    enzogrimaldi7

    • Grâce au festival international de tango de Tarbes https://www.tarbesentango.fr/ j'ai rencontré une danseuse agenaise de 24 ans qui aime les danses en couple, la plus belle (et difficile) étant le tango, c'est un beau projet, non, de vivre à deux pour danser en couple ? :)

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

  • "Les hommes et les femmes sont fait pour vivre heureux, mais pas ensemble. " C'est le titre d'un film de Philippe de Broca que je n'ai pas vu, mais le titre me parle énormément. En ce qui me concerne, essayant de vivre en couple depuis mes 25 ans (j'en ai 60 aujourd’hui) , cela n'a jamais fonctionné. Divorce après 25 ans de vie commune et deux enfants, puis famille recomposée, je me demande si je ne devrais pas m'inscrire sur un site libertin !? :o)))

    · Il y a environ 2 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Le plus fréquenté étant Facebook, 3 Français sur 4, 3 milliards d'humains https://www.oberlo.fr/blog/chiffres-facebook ma première femme m'a parlé sur Facebook, hier j'ai eu le plaisir d'esquisser les premiers pas du tango avec une étudiante qui m'a donné son Insta (gram, du groupe Meta, avec Whatsapp et Facebook) :)

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

  • Brillant.
    Certains, comme moi, ont vécu la période pré-internet.
    Pas facile de s'y retrouver.
    La solitude est-elle un choix ou un renoncement forcé?

    · Il y a environ 2 ans ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

    • Merci, oui, né en 83, avec le CD et le SIDA, les cabines téléphoniques et le courrier postal, même si j'ai découvert internet en 1993 mais trop rudimentaire alors, en RTC, donc surtout 1999 avec l'aDSL, puis la fibre depuis 2019, avant l'ère numérique, c'étaient cartes postales, voire pen friends pour les contact étrangers. Internet a quand même révolutionné la communication dans le monde entier, rien qu'entre proches, sans parler de faire de belles découvertes, qui sont toujours possibles dans la vie déconnectée, quitte à garder contact par internet ensuite.

      Si la solitude est l'indépendance, un choix, elle est agréable à vivre, si subie, il faut rencontrer d'autres gens, ce qui c'est vrai est plus facile en ville ;-)

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

  • il y a des solitudes à deux et les humains sont des animaux grégaires plus ou moins sociables ;-)

    · Il y a environ 2 ans ·
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    Maud Garnier

    • En cas de solitude à deux, il est plus facile d'aller l'un.e vers l'autre, non ? :-)

      · Il y a plus d'un an ·
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      Aurélien Loste

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