Une dernière nuit
une-encre-noire
En cet instant, je me sens bien. Ma tête repose contre ta poitrine et j'entends ton cœur qui bat. Sous le duvet, il fait bon. La fenêtre ouverte laisse pourtant filer quelques courants d'air froid le long de ma joue. Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps tu t'es assoupie, mais ton souffle léger me murmure que ton sommeil est profond. Et j'imagine ton visage. Tu es belle. Mes doigts frôlent tes flancs et je me remémore comment, quelques instants plus tôt, nous avons fait l'amour. Comment j'aimais couvrir ton cou de baisers pendant que tu passais ta main dans mes cheveux. Comment tu me faisais oublier toutes ces choses que personnes d'autre ne peut me faire oublier. Que personne ne pourra plus me faire oublier. Ah, tu ne sais pas à quel point je te savoure quand tu me brûle le dos de tes caresses. Et quand t'en as marre de l'érotisme que tu me souffles d'y aller. D'y aller plus fort, d'y aller encore. Quand tu me repousses, me couches et me chevauches. Quand tu me prends, quand tu me prends moi je meurs. Quand tu ne penses plus qu'à toi, t'es belle avec tes petits seins qui pointe et ton dos qui se courbe.
Bordel, pourquoi cette nuit encore? Putain, pourquoi tu m'as demandé de dormir chez toi cette nuit? Tu m'écoeures je crois.
Je repousse le duvet avec dégoût.
J'ai mal je crois.
Je suis debout dans la chambre, comme un con, les couilles pendantes. Et j'ai froid je crois.
À la cuisine, il y a une bouteille de whisky.
Je me ballade au gré des trottoirs. Tu sais, la bouteille est vide à présent, tout autant que mon regard du moins. Et je ne sais plus si j'ai mal de t'avoir perdu ou de ne plus avoir de quoi l'oublier.
Pourquoi, putain, pourquoi m'as-tu offert ton corps cette nuit? Était-ce pour me faire plaisir? Pour te faire plaisir? Était-ce pour graver dans ma mémoire tes formes divines qui se cambrent? Pour te faire pardonner les paroles qui m'ont lacéré le cœur? Assassine!
La bouteille se brise sur le goudron. Je titube. Je prends appuis sur le métal froid d'un lampadaire.
Était-ce pour te faire pardonner les prochains qui te prendront? Te faire pardonner le fait que tu aimeras te mettre à quatre pattes pour tous ces salauds? Qu'eux aussi tu les chevaucheras comme tu le faisais pour moi?
Tu sais, moi, j'y croyais encore. Oui, cette nuit, dans tes bras, j'y croyais encore.
Alors je tente de me mentir. C'est vrai, au fond, j'en ai rien à foutre.
J'ouvre la porte de la ruelle sombre. Il y a plusieurs filles au bar dont la tenue très légère laisse apparaître des cuisses charnues. Je m'approche de l'une d'elle. "Combien?"
J'ai beau m'en foutre, c'est ton nom que je soupire. Et c'est suivit de ton nom que je lui souffle que je l'aime.
À présent c'est sur sa poitrine que ma tête repose, mais les battements de son cœur ont beaucoup moins de charme que le tien.
Et sous son duvet à elle, il fait quand même trop froid.
J adore....
· Il y a presque 12 ans ·mery
Magnifique... =)
· Il y a presque 12 ans ·willowwhite
C'est une belle déclaration ! j'aime...
· Il y a presque 12 ans ·chiarra
Très beau texte. C'est vrai que tous les corps n'ont pas la même chaleur.
· Il y a environ 12 ans ·Frédéric Clément
Il y a des doutes mélangés à des certitudes, enfin je crois.
· Il y a environ 12 ans ·Bravo !
Mathieu Jaegert
j'aime beaucoup comment tu parles de ton coeur blesse, de cet amour perdu auquel on s'accroche desesperement,vraiment tres bon texte
· Il y a environ 12 ans ·christinej