VIOL. DEUX. TROCADERO. VIOL. CACHET. NAIVETE. NUIT. HORREUR. VIOL.
wma
On le sait bien que l’humain est mauvais, au fond. On a bien vu de quoi il retournait. Aller, on en veut encore. Je vous comprends, je l’aurais lu, moi, cette histoire.
Cinq heures du matin. Mais bon dieu est-ce que quelqu'un peut me dire pourquoi je suis nue? Ma tête implose et ça bourdonne. Tant bien que mal j’essaie de me remettre sur pieds. Le choc est douloureux, mais je sais qu’il faut fuir, gagner la rue, plus sûre sans aucun doute. Et c’est tout ce que je sais. Pour l’instant. Un pas. Deux pas.. Et mon menton se décolle enfin, je relève la tête afin de goûter à l’air de la pièce. Il fait sombre, et je cherche de l’oxygène, mais je suffoque. Un homme, un déchet est allongé sur le lit. Il dort profondément et a l’air heureux, satisfait. J’hésite une seconde à vomir sur son dos nu, j’imagine le liquide nauséabonde couler sur ses jambes nues, mais je ne m'emballe pas, je le hais mais je ne sais pas exactement pourquoi. Le temps presse, j’ai à faire : je dois me souvenir. Trois pas. Quatre.. L’affaire se complique, une deuxième épave, raclure est étendue de tout son long sur un canapé. De sexe masculin je crois. Je n’en verrai pas plus.
Dix-sept heures le lendemain. J’ouvre un œil, je suis dans mon lit. Une chance. J’ai mal au cœur, ma tête... tourne, tourne et tourbillonne, mes jambes vacillent. J’atteins la douche, non sans peine, et je m’y encastre. Je suis une éponge, dégorgée en permanence, je ne peux me contraindre à retourner au sec où je serai confrontée à mon corps, sal, car je sais que je faiblirai et finirai en boule dans un coin tentant de m’arracher la peau. Piteuse idée qui trotte, piteux état. Depuis le saut du lit, rien. Je ne pense à rien. Je réponds seulement à des automatismes.
Soulagée de mon ignorance sans savoir pourquoi, cela va sans dire, je me dirige vers mon armoire. Et ce trajet, indubitablement, restera le pire. Le commencement de la fin ? Il ne faut pas exagérer, on se remet de tout. Si, tout. Il paraît que la vie continue, et c’est la vérité, car l’être humain a en lui l'extraordinaire capacité d'occulter et une faculté d’adaptation à tout, même au pire, jusqu’à l’épuisement du corps, la mort.
« Le pire, c’est de ne pas savoir ». Foutaises, nous sommes trop lâches pour avouer que l’on préfère vivre sans savoir. Je n’ai même pas la cupidité d’avoir été trop curieuse. Les images sont juste venues me frapper, sans y être invitées.
CLAQUE CLAAAAAQUE
Et le temps a continué de s’écouler, comme si de rien n’était. De rien n’était.
J’entre dans cet appartement, je reprends mes marques. X et Y ont l’air ravis de me voir. Je cherche du regard cette fille qui devrait être là, avec nous. Elle a dû partir, me dit-on. Soit. En parcourant le salon des yeux, je revois mes deux amies, sur ce canapé, que j’avais introduites à X et Y, par simple plaisir de partager un moment agréable, ensemble. Ce soir, je suis seule avec eux, et tout semble si sécurisé. Je termine le film qu’ils avaient commencés, il n’y a aucune gêne, ils ne se forcent pas à éteindre le lecteur et à me parler par politesse, car nous n’avons pas à être polis, nous nous entendons déjà bien, nous le savons. Rapidement X me propose un verre. Je sais que je n’en boirai que deux ou trois. Cela suffit toujours à me rendre un peu joyeuse et c’est parfait comme ça. Nous discutons, sur un fond musical, rien de plus normal.
Très vite je demande où je pourrai dormir si il est trop tard pour prendre un taxi ou un métro. On me lance un « on verra bien » insunuant qu'il existe maintes solutions. Solutions ? Un « on verra bien » qui signifie qu’il n’y a aucun problème à résoudre : la confiance. Ingénieuse approche de leur part, car elle ouvre les portes, qui nous envoient parfois dans des pièces cauchemardesques, où tout est verrouillé. Contre notre gré.
Deux, trois heures passent, tout devient flou, mon ouïe, leurs visages, les formes. Je vais m’allonger, tandis que les murs, les meubles perdent leur place habituelle. Ils se jouent de moi, et je sais pourquoi. Je n’ai pas regardé X lorsqu’il m’a servi les deux verres de vin blanc que j’ai bu. Que j’ai bu.
Rapidement, nos deux reliquats viennent s’allonger de part et d’autre de mon corps impuissant, dénué de toute force, puis, dénué tout court. Ma tête, et un droite-gauche, droite-gauche. Des gémissements. Que faire de plus quand une enclume se pose sur votre tête et que votre cerveau demande à vos membres de réagir, en vain ? Ma naïveté m’invite à croire que mon avis les importe. Je sens leurs immenses mains froides, sales me palper telle une marchandise que l’on veut savoir « bonne » ou non. Puis me pénétrer, m’envahir. Je divague, je crois que je vais m’évanouir. Je pars, le cachet m’emporte, et j’entends dans un dernier état de conscience « tu n’es pas drôle, tu es inutilisable là, petite nature ». Trop tard, vous m’avez utilisée.
A toi, Omar, indéterminable merde. Et à ton ami, bien sûr.
Texte poignant, il n'y a pas d'autres mots.
· Il y a environ 14 ans ·jack
que dire de plus que ce qui a été dit dans le commentaire d'interrupt(m)eur(t)? Je suis désolée et peinée que ce genre de chose puissent arriver... Les humains sont pire que des bêtes
· Il y a plus de 14 ans ·prete-moi-ta-plume
Merci pour ce texte.
· Il y a plus de 14 ans ·moujik
J'ai un faible pour les gens qui écrivent pour dire quelque chose. Oui, l'humain peut être mauvais. Un lieu commun certes mais trop inexcusable pour qu'on le nie. Votre texte est douloureux et digne d'intérêt. Merci.
· Il y a plus de 14 ans ·bibine-poivron
Le ton est donné dès le premier paragraphe, "l'humain est mauvais". Un constat difficilement contestable. Les mots sont durs, le sujet délicat, l'atmosphère oppressante... et c'est non sans un(e) certain(e) malaise/culpabilité que l'on s'immisce dans l'intimité de ce drame. Mes hommages à votre texte et à toutes les victimes du genre humain.
· Il y a plus de 14 ans ·Sylvain C.