"Vite, On t'atttendait ..."

Louise Moia

-" Vous êtes en retard"

La tirette s'était ouverte d'un coup sec et métallique. Je ne pouvais voir que les yeux de la voix derrière une petite grille.

-" Pardon !"

Je baissais les yeux comme une petite fille prise en faute. La femme qui ouvrit la porte était grande, bien plus que moi. Elle portait de longues bottes de cuir noir, et les immenses talons à plateau transparent donnaient l'impression qu'elle lévitait au dessus du sol. Sa robe très courte était découpée au niveau des mamelons et du pubis qu'elle laissait intégralement nu et lisse. La petite fente en était comme découpée au couteau. Je la regardais. Je sentis mon bas ventre se crisper un peu. Elle s'effaça à peine pour me laisser passer. Dès, que je lui eu tourné le dos, elle me donna une tape vive sur les fesses.

-" Allez ma P'tite. Déshabille-toi maintenant, Vite, on t'attendait…"

Je laissais alors tomber mes vêtements au sol, un à un. J'avais froid. Je sentais mes seins se durcir. Il y avait dans un coin sur un fauteuil, une guêpière de vinyle parcouru d'anneau.

-" Viens ici, je vais t'aider… Allez … Retourne toi ! …"

Elle serra le corset d'un coup. A bout de souffle, je sentais mes seins comprimés qui rosissaient sous la pression.

-" Allez assied-toi ! Lève ta jambe". Elle me griffa un peu en mettant les bas. Je serrais les dents en regardant le sang.  

Je m'avançais enfin dans le couloir. Lentement. Il y avait des hommes alignés de chaque coté, partiellement nus.  Parfois, ils regardaient. Parfois, ils touchaient. Maintenant, je ne voyais plus leur visage, elle m'avait mis un masque, et un collier aussi, du genre de ceux qu'on met aux chiens récalcitrants. J'étais devenue un chien d'aveugle à l'envers. Quand elle trouvait que j'allais trop vite dans le couloir,  elle tirait violemment sur ma laisse. C'est elle qui choisissait. A sa guise, je sentais ma gorge s'étrangler et puis presque tout de suite, goulument, je sentais une main chaude qui s'insinuait le long de ma fesse, dans mon anus, la main parfois remontait un peu et un autre doigt se glissait dans mon vagin et essayait de l'écarter.

Parfois, je sentais d'autre chose, ailleurs. Parfois, je ne savais même plus ce que je sentais. J'étais purement livrée à mes sens. Au bout d'un moment, je ne sentis plus que mon sexe échauffé. Il était devenu mon seul centre. J'avais de plus en plus besoin qu'on me prenne, j'avais envie de me sentir posséder. Elle le sentait mais elle faisait durer encore. Je sentais que ma bouche s'ouvrait toute seule. Mais, elle attendait encore. Elle voulait m'apprendre à entraver mon désir pour mieux l'aiguiser. Comment résister encore aux appels de mon corps ? Combien de temps je pourrais encore attendre avant de me jeter à quatre pattes devant n'importe lequel d'entre eux pour implorer de me faire enfiler jusqu'au fond ?  

Sans préavis, mon calvaire cessa enfin. Attrapant mes cheveux, elle m'obligea à m'accroupir.  

Elle m'arracha mon masque et me dit :

-" Regarde maintenant ! "

Il y avait là, une longue file d'au moins 12 hommes, inégalement membrés. Ils se tenaient tous le pénis en le caressant doucement et patiemment pour qu'il reste parfaitement dur. Et je savais qu'ils allaient tous me prendre, me pénétrer, qu'ils combleraient même tous mes orifices en même temps. J'étais soulagée... Je respirais...

Que tous ces hommes fussent là uniquement pour moi en cet instant précis me comblait au delà du raisonnable, me saturait de fierté. Je n'étais plus une femme. J’étais la FEMME,  l'épicentre de leur plaisir et mon sexe humide deviendrait le réservoir de tous leurs désirs.

Réalisant alors cela, je ne pus plus rien maitriser. Tremblante, je ne pus empêcher l'orgasme de monter et de me traverser. Commençant dans le fond de mon ventre, il allât mourir enfin sur ma nuque, me terrassant plusieurs minutes. Dans une réplique ultime de cette vague, mon sexe crépitant encore, je compris pour la première fois, ce que signifiait "Jouir Sans Entrave".     

  • Sacré régime que tu as fait faire à ton texte initial... Bien joué en tout cas.
    Bel hommage au jeu de soumission/domination.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Francois merlin   bob sinclar

    wen

  • Je viens de regarder vite fait qui était Pauline Réage, je ne me souvenais plus... en fait, je connaissais histoire d'O , j'ai l'ai dans ma biblio mais je viens de me rendre compte que son livre date de 1954 !!! Diable quelle modernité pour l'époque... Ceci dit c'est dommage on a gardé du SM que l'imagerie et pas la symbolique profonde. Appartenir à quelqu'un d'autre que soi... . Moi je trouve que l'érotique est intéréssant seulement si on lui donne une dimension supérieure, un cul c'est toujours plus ou moins un cul. C'est pareil depuis un bon moment, et c'est pas une prothèse brésilienne qui révolutionnera la face cachée de la lune !!! C'est marrant quand même qu'elle ait pu fantasmer ça dans une époque où les femmes étaient quand même trés aliénées par les hommes dans leurs vies quotidiennes et avaient à peine le droit de vote...

    · Il y a environ 12 ans ·
    30032 1483715462010 1507570695 1228867 47739 n 195

    Louise Moia

  • Comme en hommage à Pauline Réage.

    · Il y a environ 12 ans ·
    Gants rouge gruauu 465

    eaven

  • Je m'en souviens bien, j'étais dans la file ! lol C'est balancé crûment mais avec humour, bravo !

    · Il y a environ 12 ans ·
    Apphotologo

    Michel Chansiaux

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