Voyage sur la Lune

karen-k

Voyage sur la Lune

 

 

 

Mon corps tout entier se posa lourdement sur cette planète inconnue que j’avais tant espérée et rêvée. Il fut accueilli par un nuage de poudre argentée qui déplacé par mon contact brutal avec la matière qui me recevait, entra dans mes yeux et les fit un instant se voiler.

Pourquoi ces larmes et ces picotements ? Elle était enfin là la liberté que j’avais toujours cherchée, les possibles vers lesquels mon âme et mon cœur m’avaient menés sûrs de leur quête et de ce qu’ils allaient y trouver.

Je cherchais l’équilibre et pour cela, ouvrir les yeux était le premier pas.

Je le fis doucement….la poudre argentée coulait dans mes larmes et mes yeux doucement se nettoyaient.

Ma première image troublée fut celle d’une lumière blanche aveuglante affleurant cette planète et la baignant dans une ambiance à la fois providentielle et cataclysmique.

Petit à petit ma vision se fit plus précise, mon regard chercha désespérément âme qui vive mais il n’y avait personne.

Pas l’image, ni l’ombre d’un être qui habite sur cette planète.

Mon cœur se serra et je me jetai à terre pour chercher.

Non, je n’étais pas seule, ce n’était pas possible, je ne pouvais pas supporter cette idée.

« Etait-ce là le prix à payer pour ma quête de liberté ? » me demandai-je.

J’aperçus une montagne au loin, c’était le seul relief de cette terre désertique et sablonneuse dont les seules nuances de couleurs allaient du gris au noir en passant par l’argenté.

L’argenté, cette seule poussière de vie, cette seule lumière qui me maintenait vivante et à laquelle je m’accrochais me disant que mon cauchemar allait un jour s’arrêter.

Je me lançai dans des heures de marche éreintantes avec pour seul but incompréhensible à mes yeux mais impossible à ne pas suivre dans cette terre sans relief : atteindre la montagne.

Quel étrange mouvement que le mien ne supportant pas la platitude et le même à perte de vue, mon corps m’avait transporté vers le seul endroit différent de cette planète avec une certitude absolue d’y trouver ce que j’y cherchais.

Epuisée, haletante, je fixais cette montagne devenue mon amie à force de la regarder.

Elle semblait me dire que oui j’avais eu raison de venir jusqu’à elle, oui il n’y avait pas d’autres choix, oui elle serait difficile à gravir, oui, oui, oui…

Après je ne sais ni combien d’heures, ni combien de kilomètres, transportée dans un espace temps inconnu de moi, je pouvais toucher de mes mains la terre de cette montagne.

Je pleurais de joie, j’y étais arrivée.

Arrivée où, je ne savais pas…

Ma solitude me sauta à nouveau au visage, pendant toute cette marche, elle m’avait laissée tranquille, elle s’était faite oubliée, mes jambes en s’agitant avaient calmé la douleur brûlante qu’elle me causait.

Je trébuchai en prenant à nouveau conscience de cette réalité.

C’est alors que je découvris à mes pieds ce qui m’avait fait tomber…

Un petit bout de miroir… je me mis à gratter le sol et d’autres petits bouts apparurent.

Mes mains dans un mouvement frénétique et incontrôlé dégagèrent la poussière argentée qui était autour de mes pieds.

« Quelle était donc la promesse de cette montagne me demandai-je ? »

C’est alors qu’apparut fragmenté en mille petits morceaux éparpillés, ce qu’un jour j’avais appelé… mon visage.

 

 


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