Adultère Sylvestre

lanlan

                                   Adultère Sylvestre

Ce jour là: dans cette petite forêt fraîchement endimanchée, par l'arrivée du nouveau printemps, tu  as volontairement dépucelé avec ta grosse voiture, le petit sentier à peine franchissable qui n'a vu personne depuis l'hiver dernier. Puis tu nous as conduits gaiement, nonchalamment,  dans ce que tu as baptisé: « La plus belle chambre nuptiale de ce bois »... (Chambre nuptiale où tu m’as avoué avec un brin de naïveté que tu m’imaginais secrètement : Dans mon élément.) Au bout de quelques instants; guidés par une volonté grandissante dictée par une envie secrète mais pressante, nous nous sommes étendus sur l'humus. Un humus qui exhibe fièrement l'éclat de ses longues années de virginité. Cet humus sans vermoulure, séparé de nos corps mus par la générosité et assoiffés de désirs matures, par le fin duvet bleuet et civilisé que tu as choisi, et qui s'étale rampant comme un cucurbitacé entre les ronces agressives et la fraîcheur de l'herbe folle.


  Autour de nous: Aucun graminacée, aucun protozoaire, aucune plante exotique. Pas de plantain non plus. A part quelques arbres âgés mais pas centenaires, la petite forêt exhibe paisiblement, son jeune âge. Seuls quelques chants des cigales esseulés se font entendre. Curieusement, sans savoir pourquoi, les sauterelles les libellules, les papillons et bien d’autres insectes silencieux, s'amusent à se grimper dessus.....Allons-nous les imiter ? Certainement ! Cela va sans dire que nos deux corps de bipèdes, nus comme des vers de terre étendus sur ce lopin de terre, que nous venons de vedettiser dans ce petit monde sylvestre, seront un événement à la fois, impromptu et perturbant. Une drôle d’attraction inhabituelle, dans ce magnifique peuplement de chênes, de hêtres et de châtaigniers, qui abritent l’herbe folle qui à son tour, adule ou nourrit du plus petit au plus grand mammifère.


En décidant de venir faire l’amour contrasté, décrié et adultère dans ce cadre pittoresque,-parce que le caractère routinier et éphémère, des chambres d’hôtels ne nous convient guère-, nous ignorions que, par enchantement, et surtout persuadé qu’il n’y avait aucun prédateur en vue, le petit monde de la faune souvent discret, s’était donné un rendez-vous solennel et romantique.

Une première pour réaliser, dans cette petite forêt qui figure à peine sur la carte de la ville : (Par mimétisme) ce qui pour les humains ; Serait le plus grand rassemblement pour faire l’amour. Une gigantesque coucherie jamais réalisée.

Toute la forêt est en mouvement. Les animaux les oiseaux et les insectes, affluent de partout et par couples. Après avoir paradé longuement devant leurs dulcinées, au-dessus ou non loin de nous comme pour nous narguer, les geais, les tourterelles, les pies rieuses suivies aussitôt d’une nuée de bécasses qui viennent de se poser. Tous copulent autour de nous, avec frénésie. Mulots, écureuils, sangliers et laies poussent des cris ou des gémissements de plaisir….

Chemin faisant, les poules faisanes émettent leurs gloussements aigus en canon improvisé et désordonné.

 

Dès l'approche de ton joli et doux corps, que je venais de dépouiller avec sensualité de ses ornements optiques, tu as accepté de me laisser t'appartenir, afin que moi je te fasse mienne.( ça tombait bien je l'avais tant désiré,  merci) En me faisant tien, tu m'a effeuillé lentement, tendrement, puis tu as su visiter,  caresser et baiser avec sensualité tous les coins et recoins de mon corps, avant d'apprivoiser tendrement, mon aiguillon dans l'exquise profondeur de ta terre quinqua, mais toujours voluptueuse, ignorée par la ménopause, et tendrement fertile....Et moi, raide en toi comme une douce saillie, j'ai savouré avec toi la genèse de ces délices (jusqu’ici méconnus de moi. (De nous ?) Un va et vient incessant béni et géré par la frissonnante sensualité de tes expertes ondulations.

A la énième extase qui précédait autant d'orgasmes, et bien d'autres émotions fortes jamais eues auparavant; le temps a passé sans nous dire ni l'heure, ni qu'en Juin, il fait jour  jusque tard…. 

 Dès l'approche de la nuit, avant de retrouver nos costumes  respectifs de civilisés,  j'ai bien cru que nous avions toujours  l'âge que nous avions hier ! ! !

Sommes-nous en train de grandir, de nous aimer très fort, ou de renaître???? 

Signaler ce texte