Allo Béa y’a un con derrière chez moi

tantdebelleshistoires

Allo Béa,

J'en peux plus du con de derrière chez moi, tu sais le mec à la retraite avec de grosses lunettes, une veste de  bleu de travail, un pantalon de gros velours, de lourds bottillons et une  casquette de coureur vissée sur sa tête.

Tu vois bien de qui je veux parler ?

La semaine dernière, je revenais tranquillement du marché, mon panier à la main et que vois-je? LUI!

Impossible de faire demi-tour, il m'avait déjà repérée et obliquait ou plutôt s'élançait dans ma direction. Et voilà qu'il me dit.

-Elle travaill' pas aujourd'hui  la p'tite dame?   

Je me suis retournée, il n'y avait personne, le ELLE, c'était donc moi.

-Bonjour, non, non, je ne travaille pas mais je suis très trééééés pressée lui répondis-je froidement s'en m'arrêter. Mais plus j'étais distante, plus il était collant.

Quelques jours plus tard, il diversifia clairement son entrée en relation.

-Elle est allée chercher son pain la voisine me dit-il en me voyant sortir de chez le  boulanger.

T'as vu, ça progressait drôlement dans l'observation. Je gardais un stoïcisme olympien et me contentais d'un hochement de tête.  

Béa le mec, il est partout, je le vois en sortant de mon travail, à la poste, au super marché… Bon d'accord notre patelin n'est pas bien grand mais quand même.

Quoi toi aussi tu l'a vu dans ton quartier ? Oui, oui c'est bien lui, environ 65 ans…

Ah ça pour être lourd, il est lourd ! Je t' le dis, il est partout et jamais chez lui.

Non, non je ne sais même pas son nom, je l'appelle « Le con d'derrière »

Samedi dernier, le Graal pour lui, je m'étais décidée à poncer mon portail et le voilà  évidement qui passe devant chez moi et s'arrête pour causer.

J'étais assise par terre, auréolée de sciure de bois, les cheveux admirablement ébouriffés, tu vois la scène et surtout coincée entre mon portail et sa casquette.

-Qu'est-ce qu'elle fait là aujourd'hui ? Ell' ponce.  

Grrr, non je tricote pensais-je en riant jaune.

-Pourquoi tu l'démontes pas ton portail ? Qu'il me dit tout à trac et le voilà qu'il se met à secouer ma barrière pour la dégonder, ce con.

T'te jure que je rigolais pas du tout, du tout. Je lui ai dit STOP assez vertement mais ça l'a pas gêné une seconde, plus j'étais désagréable, plus il était bavard.

-J'te tutoie, hein! qu'il a rajouté le coco

Tu penses, il me tutoie tout le temps.

-Ct'aprés midi, je vais aux champignons, tu fais quoi, tu viens avec moi ?

Si, si Béa, j'te jure, ça se précisait  dans la connerie lourdasse. Heureusement, il n'attendait même pas mes réponses et bien lancé il continuait son monologue.

-Tient hier, on m'a parlé de toi. Le couvreur, ha, ha, hi, hi… De toit, le couvreur, hooo, hooo, hooo !

Et le gars super en forme de poursuivre.

-C'est l'histoire d'un  dentiste qui trouve sa femme au lit avec un mâle dedans ! Un  mal de dents…hou, hou, hi, hi , elle est bonne celle-là ! 

 Te marre pas Béa, j'pouvais plus m'en débarrasser du loustic.

J'ai fait quoi ?

Et bien sans autre palabres, j'ai remis ma ponceuse en route. Vraoum , Vraoum, Vraooooom…

 

Signaler ce texte